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L’hypnose périopératoire


L’hypnose périopératoire peut être utilisée seule, ou en complément à une anesthésie locale ou générale, afin de diminuer l’anxiété, améliorer le confort, par une analgésie menant à une réduction de la consommation d’anti-douleurs.
Dr Fabienne Roelants et Dr Christine Watremez



L’hypnose périopératoire
Nous allons voir successivement comment cette technique peut être utilisée dans les différentes phases entourant une intervention chirurgicale.

L’hypnose préopératoire

De nombreuses études ont montré que le patient qui devait avoir une anesthésie pour une intervention chirurgicale était très anxieux le matin de l’intervention, raison pour laquelle un médicament à visée anxiolytique était souvent prescrit. En effet, il est important d’arriver à réduire l’anxiété préopératoire car celle-ci aura un impact négatif sur la douleur post- opératoire. Nous savons aujourd’hui que des alternatives au traitement médicamenteux existent et que l’hypnose en fait partie. L’hypnose préopératoire peut être utilisée de différentes manières. En effet, Saadat et coll. ont montré qu’une simple séance d’hypnose de 30 minutes préopératoire réduisait significativement l’anxiété chez des patients prévus en chirurgie de jour. De plus, la séance d’hypnose est significativement plus efficace qu’une séance d’encouragement avec suggestions positives ou encore que le fait de laisser les patients s’occuper à leur guise pendant 30 minutes avant leur intervention. La séance d’hypnose était très simple : les patients étaient invités à focaliser leur attention sur un souvenir agréable et recevaient des suggestions positives de relaxation, de diminution de l’anxiété et de la peur et des suggestions post-hypnotiques que le calme et le sentiment d’être relaxé perdureraient dans la période périopératoire.

Une autre façon de faire est de proposer une induction hypnotique dans un lieu de sécurité au moment de l’induction de l’anesthésie générale. Gyulahazi et coll. ont montré que lorsqu’on proposait ce genre d’induction aux patients, ceux-ci rêvaient durant leur anesthésie significativement plus que les patients à qui on ne proposait rien (un patient sous anesthésie générale rêve spontanément dans 30 % des cas environ, contre 40 % à 50 % avec ce type d’induction). De plus, si l’anesthésiste faisait une induction hypnotique au moment de l’induction de l’anesthésie générale et que le patient avait préparé son rêve la veille de l’intervention, le pourcentage de rêve augmentait significativement (70 % vs 44 %), le tout améliorant la satisfaction des patients en relation avec leur anesthésie.
Régulièrement, des patients nous sont adressés pour une séance d’hypnose préopératoire car ils ont peur de l’intervention, sont angoissés à l’idée d’être endormis. Avec l’hypnose, nous pouvons voyager dans le temps : aller dans le passé activer nos ressources et utiliser nos acquis depuis notre naissance, ou aller dans le futur pour trouver des solutions et surtout se projeter dans un futur confortable. C’est cette technique d’anticipation du futur que nous allons utiliser afin de projeter le patient au-delà de son intervention, dans un futur proche confortable pour lui. C’est d’ailleurs Erickson qui nous a fait comprendre que pour aller bien il fallait voyager dans le temps et l’espace. Nous allons utiliser des petits sauts dans le futur et projeter le patient environ un mois après l’événement angoissant. Cela permettra au patient d’avoir une autre lecture du futur. Cette orientation dans un futur proche peut se faire en hypnose conversationnelle mais aussi en transe formelle.

Anticipation du futur en hypnose conversationnelle

Le patient va bénéficier d’un geste thérapeutique ou d’une opération dans peu de temps (très bientôt voire quelques minutes).Tout d’abord, nous allons lui décrire tout ce qui va se passer de façon positive et s’il s’agit d’une intervention chirurgicale, le processus de cicatrisation fera partie de la description. Des suggestions de confort sont aussi données. Dans un deuxième temps, nous allons le projeter dans un futur proche en lui posant des questions : « et quand vous remontez dans votre chambre, quelle est la première personne qui vous rend visite ? qui vient vous chercher pour vous ramener à la maison ? et quand vous rentrez à la maison, quelle est la première chose que vous faites ? et le week-end d’après, que faites- vous ? » Là, nous l’incitons à préparer concrètement un événement après la chirurgie. L’objectif doit être simple et facilement atteignable. Cela peut être aller boire un verre avec des amis, aller au cinéma ou partir en vacances...

Anticipation du futur en hypnose formelle

L’anamnèseconsisteàconnaîtrelasituationanxiogèneetàsavoirquand elle a lieu. Il faut savoir ce que le patient à prévu avant (deux à trois événements suffisent) et aussi ce qu’il a prévu après (maximum un mois). Ensuite, l’hypnose est initiée avec une méthode d’induction au choix et nous faisons vivre les deux ou trois événements prévus, puis nous faisons passer le moment anxiogène de manière positive et floue, et puis nous installons le patient dans un confort après l’événement angoissant. Dans cet endroit de confort, il se pose et revoit tout ce qui s’est passé depuis la consultation (parler à l’imparfait) et puis nous le faisons revenir ici et maintenant.
Après ce genre de séance, voici le type de message que nous recevons : « Je voulais vous remercier pour notre séance d’hypnose. Elle m’a été d’une très grande aide à l’étage, puis dans la salle d’attente du bloc opératoire. Installée en salle d’opération, elle m’a permis de “partir”, de me déconnecter avec ces images de jasmin, de cyprès et de ciel bleu... un moment de confort et de bien- être. Et j’ai continué en postopératoire ! Un grand MERCI. »

La technique du poing

Une autre technique très utile en cas d’anxiété préopératoire est la technique du poing. Elle consiste à proposer au patient d’évacuer son angoisse lors d’une transe hypnotique.Vous commencez par demander au patient la couleur de cette angoisse (elle est rouge, par exemple), puis vous faites une induction (au choix) de transe hypnotique.Vous demandez au patient de placer dans l’un de ses poings (celui qu’il aura choisi préalablement) toute la couleur rouge et quand c’est fait de vous faire un signe.Vous allez ensuite l’encourager à serrer, serrer, serrer très fort le poing et puis l’ouvrir en laissant tout partir et en ressentant du confort s’installer.Vous lui demandez ensuite s’il y a encore de la couleur rouge de recommencer la manœuvre jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Après les suggestions habituelles de confort et de conservation de quelque chose d’utile pour le futur, vous proposez l’émergence de la transe.

L’hypnose peropératoire

Pour certaines interventions chirurgicales dites de « surface » (thyroïdectomie, parathyroïdectomie, chirurgie du cancer du sein, hernie inguinale, chirurgie plastique...), l’hypnose formelle, accompagnée d’une anesthésie locale, peut être utilisée afin d’éviter au patient une anesthésie générale. Ceci est possible grâce au pouvoir analgésique de l’hypnose. On sait maintenant, grâce à des études expérimentales et cliniques, que l’hypnose permet de diminuer la douleur d’environ 50 % chez des volontaires. De plus, grâce à IRM fonctionnelle, les scientifiques ont pu déterminer qu’un volontaire soumis à une stimulation douloureuse activait le cortex cingulaire antérieur (CCA), et que plus le stimulus était douloureux, plus cette activation était intense. D’autre part, cette modulation de la douleur par l’hypnose déclenche l’activation d’autres zones cérébrales corticales ou sous-corticales, ce qui fait que finalement l’hypnose peut moduler la douleur sur ses quatre composantes (sensori-discriminative, émotionnelle, cognitive et comportementale).

Un lieu agréable ou un lieu de sécurité


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FABIENNE ROELANTS ET CHRISTINE WATREMEZ
Fabienne Roelants et Christine Watremez sont toutes les deux anesthésistes-réanimatrices depuis 15 ans aux Cliniques universitaires Saint-Luc, Chargées de Cours à l’Université Catholique de Louvain, Bruxelles. Responsables respectivement de l’anesthésie obstétricale et cardio-vasculaire, elles exercent l’hypnose principalement en chirurgie thyroidïenne et carcinologique du sein. Elles ont été formées à l’hypnose (douleur aigue 2006 ; troubles chroniques 2011) par l’Institut Emergences de Rennes.




Rédigé le 13/01/2020 à 15:55 | Lu 630 fois | 0 commentaire(s) modifié le 15/01/2020





Laurent Gross
Florent HAMON. Hypnothérapeute, Praticien EMDR, Infirmier anesthésiste à Paris. Chargé de Formation... En savoir plus sur cet auteur

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