Hypnothérapie
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Hypnose Ericksonienne, Médicale et Thérapeutique. Thérapies Brèves, EMDR. Formations en Hypnose, Formation en EMDR, Thérapeute des Instituts Milton Erickson à Paris, Marseille, Bordeaux, Nancy

La relation thérapeutique


Marc Picard Destelan et Liliana Fodorean. Les auteurs nous montrent comment la relation thérapeutique se construit entre le patient et le thérapeute. Cette coopération s’installe dans un climat où compétences de part et d’autre sont de réels points d’appui au changement.



La relation est constitutive de l’être humain. Aristote parle de l’homme comme animal politique et place, dans son éthique, un traité de l’amitié. Son maître, Platon, écrit des dialogues. Socrate, le maître de Platon, en est le héros. Socrate se présente lui-même comme un homme qui rencontre ses contemporains et dialogue avec eux en vue d’une métanoïa : un changement, une conversion. Voilà pour le monde grec.

Regardons maintenant du côté du monde juif. Dès la Genèse, la relation est mentionnée. « Dieu créa l’Homme à son image […], Homme et Femme il les créa » (La Bible, Médiaspol, Paris, 1994, p. 4). Le maintien dans la même phrase du singulier et du pluriel signifie cette relation comme définissant l’être humain. Le second récit de la création donne encore plus de force à la relation. Il y est indiqué une solitude d’Adam : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je veux lui faire une aide semblable à lui » (op. citée, p. 8). Et, pour mieux marquer l’assomption de la femme, Dieu fabrique d’abord tous les animaux. Il les façonne à partir du sol.

L’homme les nomme : il désigne ce qu’ils sont. Le texte ajoute : « Il ne trouva pas d’aide qui lui corresponde » (op. citée, p. 8). Alors, Dieu plonge l’homme dans une torpeur et fabrique, à partir de son côté, la femme. En la rencontrant, l’homme a cette exclamation : « Voici enfin l’os de mes os, la chair de ma chair, elle sera appelée femme (isha) parce qu’elle a été tirée de l’homme (ish) » (op. citée, p. 8). Elle est identique, elle est différente. Dans la structure du récit (fabrication des animaux puis extraction et modelage de la femme à partir de l’homme) la relation est au cœur de la vie humaine, tout simplement en rendant humaine cette vie. En reconnaissant la femme, l’homme se reconnaît.

Dans la même phrase, il exprime qu’elle est lui et qu’elle est différente. Peut-on voir là une lointaine référence aux neurones miroirs ? Ce double effet, à la fois même et autre, donne à la relation un statut de grande fragilité et de grande puissance. Grande fragilité, car infiniment précieuse pour me constituer comme humain : cela ne dépend pas que de moi, mais aussi de l’autre. Grande puissance car la relation est ce par quoi je change l’autre. Grande fragilité car je ne peux changer l’autre qu’en me changeant moi- même. La puissance de changer ne passe pas par une puissance exercée sur l’autre, mais par la puissance du désir : en me changeant j’éveille le désir et les ressources du changement chez l’autre. La relation nous met en position de même « fréquence » (les neurones miroirs encore). Donc, l’humilité est puissante dans la relation. N’est-ce pas ce que nous montre le rôle de l’empathie et de la position dite « basse » en thérapie ? Voilà pour l’apport juif.

Signalons qu’en combinant les deux apports, le grec et le juif, la théologie chrétienne va porter la relation à un niveau incandescent : Dieu est Un en Trois. De façon rapide on peut dire que les Trois sont Un par la relation amoureuse. Le mot « relation » est employé pour désigner les personnes divines.

Voilà pour la relation. Mais en quoi une relation peut-elle être qualifiée de thérapeutique ?

Selon Ludwig Binswanger, le but de la thérapie est de permettre au patient de « participer au koïnos cosmos, à la vie de koïnonia authentique » (Introduction à l’analyse existentielle, éd. Minuit, pp. 131, 138). Autrement dit, réconcilier l’homme avec lui-même et avec le monde (entendu comme communauté humaine et réalité naturelle). Ce que Milton H. Erickson exprime d’une façon plus lapidaire : « Aider le patient à vivre d’une manière plus satisfaisante et à parvenir à une meilleure expression de soi » (L’Intégrale des articles de M. H. Erickson sur l’hypnose,Tome 1, Satas, Bruxelles, 1999, p. 672).Voilà pour la finalité de la relation thérapeutique. Mais qu’est- ce qui permet à une relation d’atteindre ce but ? Quelles en sont les conditions ? Qu’est-ce qui est utile dans une relation thérapeutique ?

Blaise Pascal écrit quelque chose de fort intéressant pour nous aider à saisir l’orientation concrète à donner à la relation thérapeutique. Nous le citons : « On se forme l’esprit et le sentiment par les conversations. On se gâte l’esprit et le sentiment par les conversations. […] Il importe donc […] de les savoir choisir […] et on ne peut faire ce choix, si on ne l’a déjà formé et point gâté. Ainsi cela fait un cercle d’où sont bienheureux ceux qui sortent » (Pensées, 51, Le Livre de Poche, Paris, 1972, p. 5). Sortir du cercle est l’enjeu de toute thérapie. Ainsi ce ne sont pas les conversations qui constituent le cœur de la thérapie, mais ce qui est hors du cercle des conversations. Cercle du discours interne (ruminations destructrices) ou bien cercle des discussions entre personnes (entretien systémique des problèmes). La thérapie, fusse par la conversation, doit permettre un saut dans l’expérience vécue. Comme le dit Michael White, il s’agit de « pénétrer dans de nouveaux territoires de l’expérience » (Cartes des pratiques narratives, Le Germe, Bruxelles, 2009, p. 14). C’est tout l’intérêt de l’hypnose, qu’elle soit dite conversationnelle ou formelle. C’est ce que nous allons illustrer par la vignette clinique qui suit.

Une rencontre en trois épisodes


1er épisode : un coup de fil
Cela commence par un coup de fil. Mais, avant l’appel téléphonique, il y a d’abord une rencontre fantasmée. Comment le patient imagine l’autre alors qu’il n’a que la projection de ses propres besoins ?

Et puis, il y a la voix. Cette rencontre, en partie tronquée par l’absence de contact direct, est-ce une voix qui rassure déjà ? Est-elle congruente avec mon fantasme ?
Et peut-être est-ce déjà le début de la synchronisation ? Les neurones se regardent déjà… comme on dit, en miroir ?

« Je voudrais prendre un rendez-vous avec vous, c’est pour faire de l’hypnose pour arrêter de fumer. »
« Qu’est-ce qui vous fait penser que l’hypnose peut vous aider ? » ou « comment l’hypnose peut-elle vous aider ? »

Ce sont des questions qui mobilisent déjà, qui donnent le contexte, le cadre. C’est concret et donc global : toutes les facultés de la personne sont sollicitées. Pas seulement sa pensée au sujet de l’hypnose.

Je travaille dans une clinique et je précise parfois « qu’il ne s’agit pas d’un rendez-vous au bloc opératoire, là où on dépose le corps et on attend que cela se fasse ».
Et le dialogue continue.

« Avez-vous déjà arrêté de fumer ? Qu’avez-vous déjà réussi par faire dans le passé ? » Mettre le patient en position d’acteur.

« Comment le savez-vous que c’est le bon moment pour vous d’arrêter de fumer ? »

On me répond parfois : « Ce n’est jamais le bon moment ! »

Je précise alors : « Quand on est au creux de la vague ce n’est pas le meilleur moment car nous n’avons pas l’énergie pour se mobiliser efficacement. » Phrase d’implication de la mobilisation personnelle dans la démarche.

Le cadre du changement est déjà posé : il s’appuie sur les compétences du patient. Elles ont été mobilisées à travers des questions qui incitent la personne à témoigner de son expérience vécue.

2e épisode : la rencontre

Marc PICARD DESTELAN.
Après des études de philosophie, devient éducateur, enseignant, formateur, puis psychologue clinicien et thérapeute. Formé en hypnose et thérapies brèves à l’AREPTA - Institut Milton Erickson de Nantes. Travaille en institution auprès de patients atteints de cancer et de patients souffrant de douleurs chroniques et mène une activité en cabinet libéral. Formateur.

Liliana FODOREAN.
Médecin généraliste, pratique l’hypnose dans sa consultation de psychosomatique et sevrage tabagique dans l’hôpital privé Le Confluent à Nantes. Enseignante à l’AREPTA - Institut Milton Erickson Nantes, et pour le DU Hypnose thérapeutique au CHU de Nantes

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Hors série n°11 de la revue Hypnose & Thérapies brèves. Mars 2017.
C'est un numéro double de 196 pages.
Thème : « La relation thérapeutique »


- Éditorial : La relation thérapeutique. S. Cohen
- Éditorial : La relation au coeur de l’hypnose. J. Betbèze
- L’alliance thérapeutique. M. Arnaud
- Enseigner la relation thérapeutique. A. Bioy
- Le thérapeute ? Un guide qui ne devance pas. J.-M. Benhaiem
- Autonomie relationnelle. J. Betbèze
- Avec le patient douloureux chronique. De la formation à la pratique. J. Nizard
- En salle de naissance. B. Bobenrieth
- Monde psychotraumatique. E. Bardot
- La relation thérapeutique. M. Picard Destelan et L. Fodorean
- Comment faire vivre un paranoïaque ? E. Malphettes
- Positionnement, et alliance... thérapeutiques. W. Martineau
- Rapport, alliance et changement : « l’Homonoia ». A. Vallée
- Une semaine aux urgences psychiatriques. V. Lagrée
- Retour à l’essentiel. G. Ostermann
- En Thérapie Systémique Brève. Y. Doutrelugne
- Un truc incroyable... Conversation en thérapie narrative. C. Besnard-Péron
- Retour aux bases. De l’infiniment petit à l’infiniment grand. P. Aïm et L. Gross
- Trouble du comportement à l’adolescence. A. Zeman

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Rédigé le 16/09/2018 à 20:11 | Lu 880 fois | 0 commentaire(s) modifié le 16/09/2018





Laurent Gross
Florent HAMON. Hypnothérapeute, Praticien EMDR, Infirmier anesthésiste à Paris. Chargé de Formation... En savoir plus sur cet auteur

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