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Milton H. Erickson : un artiste sauveteur.


Milton H. Erickson, comme un visionnaire inou ï
Par Michel KEROUAC, Fondateur et directeur de l’Institut Milton H. Erickson du Québec. Accrédité à la pratique de la psychothérapie, de la thérapie conjugale et familiale et de la psychoéducation.



Comme bien d’autres des principaux introducteurs de l’hypnose éricksonienne en France, Michel Kerouac a connu un itinéraire très personnel où les épreuves n’ont pas manqué. Il était logique qu’un texte du « sage de Sherbrooke » clôture ce numéro spécial consacré au « sage de Phoenix ».

Milton H. Erickson (1901-1980) fut avant tout unique dans sa capacité de percevoir l’univers. On peut le définir comme un artiste sauveteur. Il fut un artiste puisqu’il a su développer sa créativité, son style unique, transformer des situations complexes et confuses en situations simples et claires. Il fut sauveteur puisqu’il a utilisé ses forces et ses ressources tout en plaçant les limites qui encadrent et qui supportent.

Certains spécialistes modernes des troubles d’apprentissage évalueraient l’enfant Milton H. Erickson comme un enfant présentant un déficit d’attention et souffrant d’une dyslexie sévère. D’autres experts honoreraient son don de la dyslexie et reconnaîtraient son génie qui l’a amené à construire sa didactique unique, son ART d’être un sauveteur capable de mettre des limites et non un sauveur qui n’en met pas. De ce point de vue, ses difficultés d’apprentissage furent une source qui a stimulé la création de l’artiste en lui. Il a développé son « sauvetage académique » et obtient un doctorat en médecine et une maîtrise en psychologie en 1928.

Il rebondit, devient résilient, non pas uniquement dans le domaine de l’apprentissage académique, mais aussi dans sa capacité à traverser ses crises nécessaires à sa croissance et à faire des choix judicieux.

Je souligne son courage à 17 ans d’affronter la poliomyélite, et son art d’être pour lui avant tout sauveteur en se donnant des défis et en dépassant les pronostics sévères portés à son égard. Il réhabilita son corps et développa des stratégies verbales, non verbales, para-verbales et métaphoriques. Naturellement, il explora et élabora des approches pour entrer dans des états se- conds et se soulager des nombreuses séquelles physiques de la polio. Il se lançait des défis, des tactiques et donna des sens à ses combats, particulièrement dans son art de passer de la survie à la vie.

Rappelons-nous l’un des passages de sa vie. Marié en 1923, il a eu trois enfants avec sa première conjointe : Lance, Bert et Carol. Ce mariage survécut dix ans. Il sut vaincre les préjugés de son époque où, en majorité, « la garde des enfants en cas de divorce » allait automatiquement à la mère. Pour obtenir la garde de ses enfants, il trouva les arguments de sauveteur et non de sauveur. Il mit ses limites.

Ensuite, il s’engagea dans une nouvelle relation de couple et de famille. En 1936, il épousa Elisabeth Moore, bachelière en psychologie. Une famille reconstituée se formait et il eut cinq autres enfants qui enrichirent sa vie. Cette nouvelle constellation familiale se résume à huit enfants et deux parents. Il vécut modestement en gardant ses origines humbles et modestes de fils de cultivateur.

Nous pouvons dire de lui qu’il est un de ces humains qui a appris de ses erreurs. Et sans le rechercher, il a su être un modèle pour ses collègues dans l’art de développer l’autorité intérieure. On le reconnaît comme le père des thérapies stratégiques et des thérapies brèves.

Mon collègue et ami Thierry Servillat m’a invité à écrire cet article sur Milton H. Erickson. Il me dit : « Michel, dans cet article, livre-nous : A) Comment as-tu connu son travail ? B) Ce qu’il a changé dans ta vie. C) Exprime ta vision concernant son apport, ses valeurs (ce qui te paraît important chez lui, y compris techniquement).

AVANT-PROPOS

Mon intérêt pour les manifestations des effets pédagogiques et thérapeutiques des consciences modifiées remonte lorsqu’on me donnait des tâches comme prof en éducation physique, et à mes études en psychoéducation, en psychothérapie pour les enfants, durant la fin des années soixante et début des années soixante-dix.

Durant cette époque, concernant les phénomènes hypnotiques, je me souviens d’un psychosociologue français, Ducreux, qui avait été invité à donner une charge de cours à l’université de Sherbrooke. Durant ces cours, il nous expliquait, suite à la découverte de la Polynésie française, la surprise lorsqu’on observa la transe de la couvade. C’est la transe où la femme accouchait sans douleur pendant que son compagnon de vie, lui, se tordait de douleur. Il prend sa douleur. Ce transfert d’énergie dans cette transe se nomme « la couvade ». On l’a classifiée ainsi parmi les autres types de transes sensorielles. C’est une des transes cultuelles dans cette culture de ces îles océaniennes du Pacifique.

Dans ce culte, on organise le phénomène de transmission d’énergie d’une personne à une autre, et on réussit à transformer sa perception et à engendrer un comportement en lien avec une autre personne. Elle vit une dissociation et l’autre devient lui. A cette même université, plus tard, de 1976-1980, durant une autre formation en thérapie de couple et de famille au département de Psychiatrie, on me cite et relate qu’un patient identifié pouvait être porteur de la souffrance d’une famille. On cite Virginia Satir qui parle d’un psychiatre états-unien du nom de Milton H. Erickson qui développa des stratégies uniques pour traiter le système familial. Certains patients pouvaient-ils sans s’en rendre compte entrer dans un état second ?

L’étude des transes m’était encore présentée sous un autre angle. La transe pouvait être présentée avant tout comme une sorte de concentration corporelle. Où des rencontres espace/temps dissociatives pouvaient transformer et réassocier. C’est une sorte de manière de communiquer entre les différentes logiques. Le corps, avec ses logiques, contacte d’autres logiques. Il peut contacter les instances de la personnalité en relation avec le corps, l’intellect et l’affectif. Par conséquent, transmettre une énergie de son système corporel à un autre système comme sa concentration intellectuelle, dépend de la qualité de son corps à lui transmettre des médiateurs chimiques écologiques. Sinon, il risque d’être en manque d’énergie. La qualité du lien d’une personne à une autre peut aussi influencer ces mêmes personnes. Ce que j’ai nommé métaphoriquement, ultérieurement, la communication de la « CIA connexion(S) » : C pour le corps, I pour l’intellect, A pour l’affectif.

De 1969 à 1978, j’ai exploré des techniques actives et passives de concentration. Nous retrouvons dans ces techniques des formes de conscience modifiée. Par exemple : la méditation transcendantale, le zazen, la sophrologie, le biofeedback, les formes de techniques de relaxation de Schultz et de Jacobson. Dans ma pratique comme psychoéducateur et enseignant en éducation physique, j’ai pu observer des signes évidents que manifestent les gens lorsqu’ils entrent dans ces états de con - science modifiée. Lorsque j’ai combattu un mélanome à 33 ans, je me suis retourné spontanément vers ces approches. Un soignant, lorsque j’étais à l’hôpital, m’observait entrer dans cette forme de concentration physique. Il me demanda si je faisais de l’auto-hypnose. J’ai hésité avant de répondre. Il avait semé un doute dans mon esprit. Est-ce que je faisais de l’auto-hypnose sans le savoir ?

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Il s’ouvre avec un double éditorial où Patrick Bellet évoque l’apport du Sage de Phœnix comme celle d’ « Un nouveau Copernic »,
puis Thierry Servillat s’imagine écrire une curieuse lettre à Milton, le maître de « L’art de la joie ».
Roxanna Erickson-Klein livre un texte inédit : « Mon père »,
puis Dominique Megglé, biographe attitré, relit à la lumière de notre époque la vie de « Milton Hyland Erickson., le conquérant immobile ».
Jeffrey Zeig, président de la Fondation Erickson, avec un détaillé « Abécédaire des postures éricksoniennes », nous fait percevoir l’essence de cette approche thérapeutique si peu théorisable.
Patrick Bellet traite ensuite, en nous étonnant, « De la nature végétale de l’hypnose ».
L’ « Erickson’s Touch. Quintessence hypnotique » est détaillée par Richard Van Dyck,
avant que Michel Kerouac envisage Milton H. Erickson comme « Un artiste sauveteur. Comme un visionnaire inouï ».
A l’instar d’Erickson qui s’est affranchi de carcans théoriques, il convient avec Maurice Corcos de considérer avec un bel esprit critique ce nouvel ordre mondial psychiatrique qu’est le DSM !

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Rédigé le 04/08/2018 à 13:13 | Lu 686 fois | 0 commentaire(s) modifié le 23/09/2018





Laurence ADJADJ
Présidente de France EMDR-IMO, Psychologue, Psychothérapeute, Hypnothérapeute et Formatrice en... En savoir plus sur cet auteur

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