Hypnothérapie
Hypnose Thérapeutique, Thérapies Brèves Orientées Solution, EMDR: écrits et avis d'hypnothérapeutes professionnels de santé de Paris, Marseille, Bordeaux et d'ailleurs



Hypnose Ericksonienne, Médicale et Thérapeutique. Thérapies Brèves, EMDR. Formations en Hypnose, Formation en EMDR, Thérapeute des Instituts Milton Erickson à Paris, Marseille, Bordeaux, Nancy

Nourriture, transe et corps en relation. Dr Eric Bardot Hors-Série Hypnose et Thérapies Brèves 17 sur les TCA


Corps vivant, corps en lien, corps en souffrance et en recherche de légèreté quand il entretient une relation d’excès avec la nourriture. Illustration avec le cas de Sophie...



Nourriture, transe et corps en relation. Dr Eric Bardot Hors-Série Hypnose et Thérapies Brèves 17 sur les TCA
La nourriture... il faut manger pour se nourrir... Notre corps réclame cette nourriture pour être en vie. Certaines croyances disent qu’il est possible d’atteindre des états de conscience qui pourraient permettre de se passer de manger. La transe aurait-elle une influence sur notre rapport à la nourriture ?... D’autres prônent toutes sortes de régimes... D’autres encore pensent que des périodes de jeûne auraient des effets salutaires sur notre santé. Aujourd’hui il est question de troubles des conduites alimentaires, comme si l’alimentation se réduisait à une conduite ou un ensemble de conduites et de comportements manipulables.

Il y a une quarantaine d’années, j’avais visité le Seaquarium de San Diego sur la côte Pacifique des Etats-Unis. Arrivé à l’ouverture du parc, à 9 heures le matin, quelle n’avait pas été ma surprise de voir des écriteaux à l’entrée des aquariums : « Interdit d’amener de la nourriture dans les salles ». Déambulaient déjà enfants et adultes, chacun avec leurs paquets de popcorn, des hamburgers frites, et de grands verres en carton de Coca Cola. Quel contraste avec ma culture : le repas en commun, autour d’une table, trois fois par jour. Je me souviens m’être fait cette réflexion ô combien naïve : la place du plaisir partagé, du bien manger, résistera à cette manière individuelle et solitaire de s’alimenter.

Les aliments transformés ont envahi nos étals en même temps que la norme sociétale valorisait la minceur

La vie actuelle, particulièrement dans les villes, a modifié en quelques années nos modes alimentaires. Les aliments transformés ont envahi nos étals en même temps que la norme sociétale valorisait la minceur. Il y a aujourd’hui une demande de manger sain à travers le bio et les circuits courts de distribution. La tyrannie de la minceur est remise en question. Néanmoins, cela nous amène à la question suivante : peut-on aborder les troubles des conduites alimentaires sans réfléchir à l’influence du

discours sociétal, amplifié par les médias et par Internet, sur nos représentations concernant notre relation à notre corps, à l’intime ? Se nourrir peut-il se réduire à un comportement : l’acte de manger. Pouvons-nous envisager que se nourrir mette en scène des phénomènes complexes qui, par habitude, vont se condenser, se réduire, s’automatiser à cet acte de manger, à ce comportement ? La vision d’un corps réduit à sa dimension fonctionnelle ne vient-elle pas en contradiction avec la recherche sur le lien d’attachement (John Bowlby), en neurosciences sociales ou encore en épigénétique ?

« Qu’est-ce qui fait que ces 8 kilos vous amènent à consulter ? »

Dans l’approche que j’ai développée depuis une vingtaine d’années, qui aujourd’hui prend le nom de Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR), je développe l’idée suivante : notre corps vivant est d’abord un corps relationnel. Ce corps est au cœur des processus d’influence réciproque qui nous construisent. Il se développe et se déploie dans notre environnement de vie, à l’interface entre notre propre singularité, l’être ensemble à partir de la qualité des liens d’attachement, et enfin le monde de nos représentations en lien avec le langage, les représentations sociétales et culturelles.

Dans une approche écosystémique de l’humain, nous partons du postulat suivant : l’unité corps/esprit /environnement est triangulée par la relation humaine, c’est-à-dire l’affect comme expression de la qualité du lien d’attachement. La nourriture affective, le vivre ensemble, l’adéquation à son environnement sont indispensables à un équilibre de vie sain. Je me propose de vous présenter une séance de thérapie en TLMR avec une patiente, Sophie. Dans le langage de la thérapie brève systémique, nous dirions qu’elle est cliente pour la thérapie. Je la sens à la fois motivée, volontaire et contrariée par sa problématique.

Sophie a 32 ans. Elle vient car elle est en surcharge pondérale et elle en souffre. Elle vit avec un compagnon depuis l’âge de 23 ans. Lorsque je lui demande ce qu’elle peut me dire de cette surcharge qui la met en difficulté, elle me répond : « j’ai 8 kilos de trop ». Je lui propose si c’est OK pour elle de s’occuper de ces 8 kilos.

- Thérapeute : « Qu’est-ce qui fait que ces 8 kilos vous amènent à consulter ?

- Sophie : L’augmentation de mon tour de taille. C’est insupportable pour moi de changer ma garde-robe.

- Th. : Lorsque vous me dites...“l’augmentation de mon tour de taille”, à votre avis... qu’est-ce qui fait que ces 8 kilos en excès sont présents aujourd’hui dans votre vie ?

- Sophie : Je ne sais pas... Ils sont survenus ces cinq dernières années lorsque j’ai changé de travail. J’ai un poste à responsabilité, je me sens obligée de devoir réussir. Je cours. Je rentre tard. Je mange en coup de vent le midi. Lorsque je rentre le soir, je me jette sur la nourriture et le week-end aussi. J’avale... »

« je me néglige... je me trouve moche... j’aimerais que mon compagnon me le dise... »

Après lui avoir demandé si elle connaissait son poids de forme (52 kilos), je la questionne sur ce qu’elle a déjà fait.

- Sophie : « J’ai essayé des régimes sur Internet. J’ai vu une nutritionniste mais ça me contraint... ça me stresse un peu plus et surtout je ne tiens pas. Au bout d’un moment, je lâche... j’ai tendance à reprendre plus de poids. J’ai décidé de prendre rendez-vous avec vous.

Je lui propose, pour explorer sa problématique, une manière de pratiquer qui va utiliser les phénomènes hypnotiques. Elle est d’accord et me dit qu’elle vient avec cette attente.

- Th. : Et votre compagnon, qu’en dit-il de ces 8 kilos ?
- Sophie : Ça ne le dérange pas. Il me trouve bien comme ça. Il me dit si c’est bien pour toi de perdre du poids, c’est d’accord... En fait, ça ne m’aide pas vraiment. Je préférerais qu’il me dise que j’ai pris trop de poids car je vois bien quand je me regarde dans la glace que je me néglige... Je me trouve moche. »

La première question va être sur l’objectif. Cet objectif va être déterminé de manière affirmative pour pouvoir utiliser les capacités de projection et d’imagination de la patiente (comme vous le savez, la négation n’existe pas dans l’imagination).

- Th. : « Je peux comprendre que... lorsque vous vous regardez dans la glace, vous puissiez vous dire “je me néglige... je me trouve moche... j’aimerais que mon compagnon me le dise...”Et je me dis : lorsque votre corps pèsera son poids de forme de 52 kilos, qu’est-ce que cela vous permettra de faire de différent ?

- Sophie : Je pourrai remettre des vêtements que je ne peux plus porter. Pouvoir me sentir bien dedans.

- Th. : Remettre quels vêtements, par exemple ?

Je lui propose avec sa main gauche de « prendre ces kilos en excès »...

- Sophie : Une robe verte que j’aime bien.

- Th. : Très bien, est-ce acceptable pour vous que je vienne mettre ma chaise à côté de la vôtre pour mieux vous accompagner ?

- Sophie : Oui.

- Th. : Est-ce que je peux proposer au dos de votre main droite de venir se poser dans la paume de ma main gauche ?

- Sophie : Oui.

- Th. : Maintenant, je vais proposer à votre attention de se porter sur le contact entre nos deux mains. »

J’attends que le contact de nos deux mains commence à fusionner pour lui proposer la suite.

Pour lire la suite de cet article de la revue...


Dr ERIC BARDOT

Psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute. Directeur de l’Institut Mimethys à Nantes. Formateur, concepteur de la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR).

Commander le Hors-Série de Revue Hypnose & Thérapies Brèves sur les TCA

Hors série n°17 “Les troubles des conduites alimentaires“
Comprendre et mieux soigner

Organisé par Bruno Dubos, psychiatre, spécialiste du traitement des troubles des conduites alimentaires, avec la complicité de Julien Betbèze, rédacteur en chef de la revue Hypnose & thérapies brèves, ce hors-série de 212 pages réunit les interventions de onze thérapeutes qui décrivent leur manière de travailler. Chaque article s’appuie sur une expérience clinique et vise à transmettre des pistes pour aider les patients à se libérer des histoires dominantes dans lesquelles ils sont enfermés.

Sophie Cohen nous donne un bon exemple de stratégie pour aborder une crise de boulimie. Elle décrit une séance de « transe debout » dans laquelle elle va réintégrer les modifications de perception ayant émergé dans le dialogue thérapeutique.

Eric Bardot nous présente la situation d’une jeune femme consultant pour une surcharge pondérale. La description de l’entretien, très détaillée, nous fait comprendre l’apport novateur de la TLMR (Thérapie du Lien et des Mondes Relationnels) à l’utilisation de l’hypnose en thérapie.

Gérard Ostermann pose avec acuité le lien entre anorexie et addiction, et souligne l’intérêt de la thérapie narrative pour rencontrer l’autre.

Elisa Valteroni, collaboratrice de Giorgio Nardone, nous explique clairement comment utiliser un diagnostic opératoire avant de débloquer les processus perception-réaction dysfonctionnels. Elle insiste sur l’importance de la phase de consolidation et aborde la question du suivi.

Dominique Bligny met l’accent sur le sevrage du self-control et souligne les lacunes des recommandations de l’HAS pour cette prise en charge très spécifique. Elle nous donne des conseils pratiques très utiles en thérapie.

Cyprien Boulch nous rappelle l’intérêt, dans l’anorexie mentale, d’associer la prise en charge nutritionniste et psychiatrique avec la kinésithérapie.

Stéphanie Delacour aborde le thème de la sexualité avec deux patientes présentant une obésité. Elle souligne l’importance du mouvement dans la relation et du retour des émotions, avant de se focaliser sur la perte de poids.

Dominique Cassuto relie l’alimentation intuitive et l’hypnose dans la prise en charge de la surcharge pondérale.

Anne-Cécile Odeau nous donne un exemple de prise en charge familiale en thérapie systémique et l’intérêt d’une intervention précoce avant la chronicisation des symptômes.

Julien Betbèze présente l’évolution de l’anorexie hystérique vers l’anorexie addictive, à partir du processus d’autonomie relationnelle, en lien avec la représentation de la féminité de Freud à nos jours.
Il développe le type de questions à poser en début de thérapie pour faire émerger l’autonomie, dans une relation perçue comme maltraitante.

Bruno Dubos souligne pour les thérapeutes, l’importance de travailler les ressentis sensoriels dans un lieu sécure. Il dévoile l’importance des intentions relationnelles dans le processus d’autonomisation et décrit la mise en place d’un espace de sécurité partagée pour remettre le corps en mouvement.
 
Crédit Photo Jean-Baptiste Valiente Moro



Rédigé le 21/03/2023 à 21:26 | Lu 4754 fois | 0 commentaire(s) modifié le 21/03/2023





Dr Pascal VESPROUMIS
Médecin Addictologue. Responsable de la plateforme ACCH.Formé par Jean-Marc Benhaiem et François... En savoir plus sur cet auteur

Nouveau commentaire :

Rédacteurs web de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves | Abstracts de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves | De l'Hypnose et des Thérapies Brèves, EMDR, IMO | Formations Hypnose, EMDR et Thérapie Brève | Colloques Webinaires & Supervisions





Autour de l'Hypnose: EMDR, Thérapie Brève & Intégrative. De la Formation au Thérapeute. Paris, Marseille, Nancy






EMDR - IMO en France, de Paris à Marseille. Intégration des Mouvements Oculaires en thérapie. Thérapeutes et Formation en EMDR