Hypnothérapie
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Paris

Hypnose Ericksonienne, Médicale et Thérapeutique. Thérapies Brèves, EMDR. Formations en Hypnose, Formation en EMDR, Thérapeute des Instituts Milton Erickson à Paris, Marseille, Bordeaux, Nancy

Mille douleurs. Dr Thierry Servillat.


Par le Dr Thierry SERVILLAT, rédacteur en chef.
« Pour un plaisir mille douleurs » déplorait François Villon.
Dans ce numéro, nous serons confrontés au « côté pas sympathique de la vie » dont parlait souvent Erickson.



Quatre ans après un premier Hors-Série consacré à La douleur, nous envisageons cette fois-ci ses aspects pluriels. En effet, lors de ces dernières années, l’expérience des praticiens de l’hypnose s’est approfondie et développée, faisant apparaître une très grande diversité de situations et de problématiques. Si l’on se remémore le fameux « On connait un problème aux solutions que l’on y apporte » de Paul Waztlawick, nous pouvons dire que nous connaissons mieux – ou en tout cas moins mal – la douleur. Car, comme pour la dépression (cf. HS No 5), nous voyons des patients douloureux qui ont en fait relativement peu de points communs entre eux. Détaillons un peu ce point de vue qui peut surprendre certains lecteurs.

Ces dernières années ont vu l’hypnose chirurgicale devenir une pratique en plein essor, le dernier congrès de Quiberon l’a montré de manière impressionnante. Beaucoup d’établissements de soins, publics comme privés, se montrent sensibles à la demande croissante des usagers, et proposent l’hypnosédation pour au moins une partie de leurs activités opératoires. Si dans ce domaine, les techniques hypnotiques de distraction (lieu agréable et sécure) restent au premier plan, les intervenants, ânes thésistes, chirurgiens (y compris les dentistes), infirmiers, ont appris par expérience que le travail avec la douleur aiguë est en réalité plus complexe qu’on ne l’envisageait initialement.

La douleur aiguë nous renvoie tous et toutes au début de notre vie, à notre naissance qui a peut-être été douloureuse pour nous (comment le savoir !), et l’a été généralement pour notre mère (article d’Yves Halfon). Exister, vivre, a, d’emblée ou très rapidement partie liée avec la douleur. Bien des humains ne seront jamais parents par cette difficulté à envisager de vivre celle de l’accouchement. Pour certains pères, ce sera l’impossibilité d’imaginer voir souffrir leur conjointe, d’être en présence de cette souffrance de l’autre.

Par les initiatives de pionniers innovants (article de l’urgentiste Franck Garden Brèche), la douleur aiguë nous montre des visages multiples. Que se joue-t-il en plein infarctus myocardique, et de quoi le patient a-t-il besoin ? De beaucoup de choses ! Mais, avant tout, de soignants présents, compétents, calmes (tout en étant actifs), et aussi, semble-t-il, inventifs pour justement prendre en compte et en charge aussi cette diversité qui comprend tout ce qui est lié à la douleur, notamment l’angoisse.

La douleur aiguë est, en effet, très rapidement éprouvante, minante pour ceux qui la vivent dans leur corps, tout comme dans leur esprit. Elle l’est aussi pour ceux qui y assistent : conjoints, famille, soignants aussi. C’est un des importants développements actuels de l’algologie, qui témoigne de sa maturation, que le développement – ce n’est bien sûr qu’un début – de la préoccupation pour le syndrome d’épuisement (ou Burn-out) des soignants confrontés à la douleur (article de Kenton Kaiser). Ayant travaillé presque 20 années en UETD, j’ai malheureusement pu voir combien la confrontation à la douleur fait vivre quotidiennement aux soignants des situations agressantes qui peuvent constituer des pièges potentiels entraînant à la surenchère technique, cette furor therapeuticus dont parlait Balint. J’ai pu assister, au fil des ans, aux progrès des soignants dans leur façon de se préserver, et constater le rôle majeur qu’avait en ce domaine une formation à l’hypnose (et donc à l’auto-hypnose).

Oui, la douleur a des visages multiples. Ceux aussi des réfugiés et exilés qui ont subi la torture, la mise en œuvre volontaire de la douleur pour humilier et déshumaniser (article d’Emmanuel Héau). « Je vais vous faire mal » disait, pour se synchroniser avec elle, Erickson à une femme qui gémissait hospitalisée en service de soins palliatif : « Ne me faites pas mal ! ». La torture, dans ses pratiques actuelles, désynchronise et programme de la destruction durablement. Et il était important que ce Hors-Série donne la possibilité d’envisager le rôle de l’hypnose pour ces patients, à l’ère de la « victimologie ».

Parallèlement au développement de l’hypnose chirurgicale, l’hypnose a vu s’étendre ses applications dans tous les domaines de la médecine pour enrichir la prise en charge de la douleur, en incluant bien sûr les pratiques infirmières au sujet des soins et examens douloureux. Un des progrès essentiels a été fait dans le domaine de la cancérologie, particulièrement dans le traitement des cancers du sein (article de Fabienne Roelandts et Christine Watremez). Très lentement, car très prudemment, l’hypnose s’affirme être une approche susceptible d’assurer non seulement une amélioration de la qualité de vie, mais très probablement aussi, dans nombre de cas, de l’espérance de vie. Parcours de souffrance aussi, mais de nature encore différente (article de Sophie Cohen) que celui d’une hypnothérapeute réputée qui se retrouve gravement blessée lors d’un voyage loin de chez elle.

Nous voyons combien la formation personnelle est susceptible de devenir une ressource majeure, dans ces épreuves de la vie où le pronostic vital peut être menacé compte-tenu des circonstances inhabituelles qui sont vécues. Compétence aussi à apprendre, et recherche de ce qui peut être appris pour, ensuite, être transmis aux patients, constituant une motivation majeure pour l’activation des ressources. Enfin, nous terminerons l’enquête par la médecine de la douleur chronique (article d’Antoine Bioy). Celle-ci a continué à maturer, confrontée aux difficultés de toutes sortes : - budgétaires : mauvaise reconnaissance des différents types d’interventions non pharmacologiques, notamment de l’hypnose, dans le codage des actes ; non prise en compte des nécessaires temps de réunion pour mettre en œuvre l’interdisciplinarité (sans parler de la transdisciplinarité !), - organisationnelles : comment faire face à l’afflux des patients et à leurs demandes souvent pressantes, - et, encore plus, celles liées à la complexité de ces problématiques dont la connaissance s’est affinée, mettant en évidence une grande pluralité de mécanismes (douleurs neuropathiques, algodystrophies, fibromyalgies, dysfonctionnements des articulations temporo-mandibulaires, précordialgies, colopathies fonctionnelles, etc.). L’essor de la prise en charge de la douleur aiguë bénéficiera-t-il au traitement de la douleur chronique ? Nous le souhaitons. Mais ne sous-estimons pas les effets néfastes de la compartimentation des différents secteurs de la médecine. Malgré tout, essayons, avec Alexandre Jollien, de voir la vie comme un combat joyeux !

Et partons, avec les textes de ce numéro et les images de Pierre-Henri Garnier, à la découverte de ces mille douleurs. Allons explorer les ressources créatives des patients et des thérapeutes, et tentons d’y apercevoir, au moins par moments, un peu de beauté. Nous qui croyons que Renoir ne répondait pas sans raison à ceux qui lui demandaient pourquoi il s’évertuait encore à peindre aux derniers temps de sa vie :

« La douleur passe mais la beauté reste » !

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Ce hors-série traite des multiples visages de la douleur et explore les ressources créatives des patients et des thérapeutes.
Edito :“Mille douleurs“ Thierry Servillat
“Aide à l’accouchement“. Une hypnose extemporanée. Yves Halfon.
“Urgences en souffrances“. Les sphères de l’antalgie. Franck Garden-Brèche
“L’hypnose du dentiste“. D’abord pour le soignant ! Kenton Kaiser
“Après la torture“. Une hypnose hors du commun. Emmanuel Héau.
“Chirurgie carcinologique du sein“. Bénéfices hypnotiques. Fabienne Roelants et Christine Watremez
“En mode existentiel“. Témoignage auto-hypnotique. Sophie Cohen
“Douleur chronique“. Une ignorance qui structure. Antoine Bioy
Hypno-photomontage. Pierre-Henri Garnier
Coïncidences : “Les madeleines ou le secret du monde“ Jean-Pierre Meyzer
Humeur : “Avant de partir pour Terra Hypnosia“ Imelda Schwartz Haehnel
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Dr Thierry SERVILLAT
Hypnothérapeute, Psychiatre.
Président de l’Institut Milton Erickson Rezé
Conférencier International
Ancien Rédacteur en chef de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
Past-Président de la CFHTB, Confédération Francophone d’Hypnose et Thérapies Brèves





Rédigé le 05/08/2018 à 17:44 | Lu 254 fois | 0 commentaire(s) modifié le 05/08/2018





Laurent GROSS
- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies... En savoir plus sur cet auteur

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