Hypnothérapie
Hypnose Thérapeutique, Thérapies Brèves Orientées Solution, EMDR: écrits et avis d'hypnothérapeutes professionnels de santé de Paris, Marseille, Bordeaux et d'ailleurs



Hypnose Ericksonienne, Médicale et Thérapeutique. Thérapies Brèves, EMDR. Formations en Hypnose, Formation en EMDR, Thérapeute des Instituts Milton Erickson à Paris, Marseille, Bordeaux, Nancy

Hypnose solutionniste en pédopsychiatrie ambulatoire.


Par Hervé FISCHER, Dominique FARGES-QUERAUX
D’autres difficultés qui peuvent être habilement traitées par une hypnose orientée solutions.



Hypnose solutionniste en pédopsychiatrie ambulatoire.
Nous avons rencontré Annabel, Nathan, Louis et Bastien dans le centre ambulatoire de diagnostic et traitement pour enfants et adolescents où nous exerçons comme neuropsychologue et pédopsychiatre. Dans ce centre, nous avons à concilier :

- d’un côté le cadre : équipe pluridisciplinaire avec des orientions théoriques différentes (centrées problème, solution / passé, présent, avenir) avec ses règles de fonctionnement (accueil, bilan, traitement, ce dernier souvent différé dans le temps) et ses exigences (produire des bilans, des comptes-rendus, des synthèses, prescrire et dispenser différents types de traitement).

- de l’autre nos options diagnostiques et thérapeutiques issues de nos formations et de nos choix qui sont l’hypnose, les thérapies brèves orientées solution et depuis peu l’approche narrative, options encore assez marginales dans notre contexte professionnel.
Comment concilier ces options avec les impératifs de temps (aller vite) et de résultats (répondre aux demandes des familles, des enseignants, des collègues et de l’institution) ? Ces aspects sont bien abordés dans les ouvrages de De Jong et Berg et Dolan et Pichot. Nous avons donc choisi, pour notre contribution à ce hors série hypnose et enfance, d’illustrer comment nous adoptons-adaptons l’approche hypno solutionnisme à travers 4 situations vécues avec des enfants :

- dans différentes indications : trouble anxieux, difficulté d’apprentissage et trouble déficit de l’attention / hyperactivité (TDA/H), trouble des conduites, énurésie ;

- à différents moments du parcours de l’enfant : phase de bilan ou de traitement,

- et dans différentes configurations : enfant seul et / ou avec ses parents.

Le temps et l’espace ne nous permettent pas de raconter comment nous pratiquons dans d’autres indications et avec les familles, les groupes, c’est pourquoi nous vous renvoyons à la bibliographie et à notre conclusion. Vous découvrirez que dans la plupart des cas nous utilisons le terme hypnose avec nos jeunes clients : nous détaillerons dans chaque cas comment nous faisons et en discuterons en conclusion. Si nous avons choisi ici de focaliser sur l’installation d’une relation hypnotique, les éléments d’un entretien solutionniste (qui sont pour nous une mise en forme de l’hypnose conversationnelle selon Insoo Kim Berg, Steve de Shazer et Harry Korman) sont utilisés le plus souvent possible et à toutes les étapes de notre travail : ainsi les questions à échelle et celle du projet commun (« Quel résultat attendez-vous de cette rencontre ? A quoi le saurez-vous ? ») et les prescriptions de tâche sont employées parfois dès le premier contact.

Annabel : passer des crises aux cœurs avec Dora

Annabel, âgée de 5 ans, consulte parce qu’elle « fait des crises » à la maison et dans sa famille proche - pas à l’école - depuis la naissance de sa soeur Aurélie âgée de 18 mois. Très vite au cours de l’entretien, Annabel explique qu’elle est « inquiète » depuis le décès de son cousin Léo âgé de 15 jours. Elle en parle beaucoup à sa grand-mère maternelle mais elle ne veut pas l’aborder avec ses parents. En effet, Annabel a très bien compris que sa mère est encore très affectée et est très attentive aux émotions de celle-ci. Depuis le décès de son arrière grand-mère maternelle il y a 6 mois, elle pose beaucoup de questions à sa grandmère au sujet de la mort et ne dort pas bien, ses terreurs nocturnes réveillant toute la maison. Les parents décrivent une enfant agréable avant l’arrivée de sa petite soeur. Depuis, Annabel fait une sorte de régression en âge, « elle fait un peu le bébé » en refusant que son père parte lors de ses sorties de pompier volontaire, n’arrivant pas à céder sa place lorsqu’elle est sur ses genoux… Elle ne supporte pas la frustration (se roule par terre, claque les portes), demande des temps de présence importants de la part de sa mère. Elle joue difficilement seule. Les parents décrivent une lassitude importante face à son comportement et des relations en permanence conflictuelles.

Seule avec Annabel, je lui demande de me dessiner ce qui lui pose le plus problème (cf. Joyce Mills). Elle dessine Léo, le petit cousin décédé. Lors d’une séance d’hypnose, je lui suggère, via une métaphore d’un de ses dessins animés préféré qui est Dora, d’aller explorer le monde de Léo dans une des voitures de Dora où elle s’attache, comme le dit son personnage favori, pour « plus de sécurité ». Je lui fais explorer cet univers, et lui demande de trouver un lieu où le bolide de Dora peut s’arrêter et découvrir un espace de confort et de sécurité où il est possible de s’installer confortablement en sécurité. Puis je lui demande de rajouter tous les éléments qu’elle souhaiterait sur son dessin pour que le problème disparaisse. Elle commence par faire « un sourire » puis dessine « une boite bleue parce que le bleu c’est la couleur du ciel », qu’elle dessine sous forme de vague et « plein de coeurs pour ne pas oublier de dire qu’on s’aime ».

Annabel est revenue 3 semaines plus tard : les crises se sont atténuées, les réveils nocturnes ont disparu, elle ne pose plus de questions sur la mort, et son père peut partir sur les interventions sans qu’elle ne « s’accroche » à lui. Le mot hypnose n’a pas été employé au départ avec Annabel car nous étions dans une séance de bilan et non dans la phase de traitement. Cependant, l’enfant qui n’arrivait pas à dire, avec des mots, la raison pour laquelle elle venait, a dessiné son problème sous la forme de ce cousin décédé. C’est alors que l’idée d’utiliser l’hypnose m’est venue naturellement. Au moment de faire le point avec les parents en fin de séance, j’ai expliqué à chacun le travail que nous avions fait, à la fois en termes de bilan psychologique et de traitement par hypnose.

Nathan : l’enfant « Pfuitt et pouhhh »

Il est âgé de 12 ans et vient en consultation pour un TDA/H entraînant, en plus des difficultés d’apprentissage, des difficultés relationnelles importantes avec ses pairs et son enseignante. Après un bilan neuropsychologique objectivant les difficultés, nous mettons en place des séances de thérapie cognitive avec des techniques de mémorisation et de concentration. Celles-ci n’ont pas beaucoup d’effet car très « couteuses » mentalement en attention. Je lui propose alors des séances d’hypnose pour améliorer son attention. « Pfuitt, je ne sais pas ce que c’est, ça ! » fut la première réponse à la question « Qu’est-ce que tu en connais de l’hypnose ? ». Après une explicitation en présence de ses parents, je lui demande de réfléchir à ma proposition et de me donner sa réponse à la deuxième séance. Lorsqu’il revient me voir, à la question rituelle que je pose à chaque début de séance, « Que puis-je pour toi aujourd’hui ? » il me répond : « Une
séance d’hypnose…» Je commence par déterminer ses canaux privilégiés : visuel et kinesthésique. Pour ce faire, j’utilise en plus de l’écoute du discours, un petit exercice issu des techniques de mémorisation : « Quand tu penses à un animal, qu’est ce qui te vient en premier : son image, un son, il bouge, tu le touches, tu le sens, une odeur, etc. ? ». Et même chose avec un objet et une personne que l’on aime bien.

Cet exercice peut être fait en transe ou pas, les réponses sont quasi identiques. L’alliance ainsi créée, nous co-construisons le contenu d’un premier apprentissage réussi : le moment où il a pu pour la première fois renvoyer la balle à l’aide du chistéra en pelote basque. Nous nous installons le plus confortablement possible mais pas trop, car mon bureau est exigu et les chaises peu moelleuses. Nous reproduisons donc les conditions de son quotidien à l’école, ce que je lui signale en ajoutant qu’ainsi, il pourra refaire cet exercice chaque fois qu’il le souhaitera. L’environnement du bureau est plutôt bruyant avec une lumière vive de néons. Nous commençons par inclure les bruits provenant de l’atelier de psychomotricité dans la salle voisine. Cela nous amène à intégrer un troupeau d’enfants éléphants dans nos transes, les bruits nombreux et joyeux des enfantshyènes de la salle d’attente et le téléphone rugissant régulièrement.
Nous explorons ensuite en VAKOG le souvenir d’apprentissage réussi, et faisons une régression en âge pour arriver au moment précis où il réussit à rattraper la balle dans le chistéra et à la renvoyer. Je demande à sa main de décomposer le mouvement comme si une vidéo passait un ralenti image par image. Il produit alors une légère lévitation de la main gauche et la retourne comme pour attraper la balle. Je demande alors à sa mémoire, à son cerveau, de retrouver les sensations corporelles de cette réussite. Il explore le moindre recoin de son corps qui ressent la joie, l’allégresse, le bonheur, (etc.) de cette réussite. Pendant qu’une partie de sa mémoire, de son cerveau, fait ce travail, je demande à l’autre partie de mémoriser le chemin qui l’a amené à cet instant, de mémoriser la capacité de son corps, guidée par son cerveau à réussir ce geste, comme il a déjà réussi d’autres gestes encore et encore… Je lui demande d’observer sa concentration qui lui permet cette réussite et, tout en observant, de mémoriser cette capacité à se concentrer, à étirer ce moment en l’augmentant à l’aide du potentiomètre que l’on tourne progressivement… Et pendant que sa main lévite, je lui demande d’installer cette concentration dans la main-chistéra et de l’amener vers la partie de son corps qui en a le plus besoin. Sa main alors rejoint son front. Je lui dis de prendre tout le temps de son temps intérieur dont il a besoin pour laisser diffuser, installer cette concentration. Nathan a été très agité tout au long de la transe, a ouvert et fermé les yeux à de nombreuses reprises. Il s’est retrouvé, avant la réorientation, à moitié assis sur la chaise, la tête entre les mains.



DOMINIQUE FARGES-QUERAUX
Neuropsychologue. Sa passion pour l’étude de la mémoire l’a amenée à se former à l’hypnose orientée solution avec ACTIIF en 2002. Depuis elle a ajouté ces outils dans son travail avec les enfants et adolescents qu’elle soigne en CMPP ; elle s’intéresse particulièrement aux troubles cognitifs et de l’attention et à leur traitement par HTB. Formatrice à ACTIIF et membre de l’équipe pédagogique du DU « Hypnose et Thérapies Brèves » à la Faculté de Médecine de Limoges.

HERVÉ FISCHER
Pédopsychiatre, responsable médical d’un CMPP et d’un réseau autour d’enfants et d’adolescents en grande difficulté en Corrèze après 20 ans de pratique libérale. Praticien de l’hypnose et des thérapies brèves depuis 16 ans. Co-directeur du D.U. Hypnose et Thérapies Brèves à la Faculté de Médecine de Limoges et responsable des formations de l’association ACTIIF.

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1ère partie : hypnose pour l’enfant douloureux 
Introduction ; recherches scientifiques clefs, avantages généraux de l’hypnose chez l’enfant douloureux (Chantal Wood) 
Avantages de l’autohypnose et comment la proposer et suivre l’enfant (Isabelle Ignace) 
Illustrations dans l’urgence et dans la durée (Thierry Moreaux) 
Ce que l’hypnose modifie dans la relation entre soignant et soigné douloureux (Chantal Wood) 

2ème partie: l'enfant et le monde 
Déliances de l’enfance, reliances de l’adulte (Armelle Touyarot et Félix Benchimol) 
Histoire de mère, histoire de bébé (Isabelle Stimec) 
Double hommage à D. Stern (Luc Farcy. Stefano Colombo) 
Un père raconte (Jean-Michel Hérin) 
Le monstre dans la littérature fantastique (Didier Lafargue) 
TOC chez l'enfant (Jean-François Marquet) 
Hypnose solutionniste en pédiatrie ambulatoire (Hervé Fischer et Dominique Farges-Queraux) 
De la pratique thérapeutique à l’art de vivre (Isabelle Celestin Lhopiteau) 

3ème partie: l'enfant : un être de projet 
L'importance de la relation en hypnothérapie avec l'enfant (Antoine Bioy, Chantal Wood)) 
Mon Alter Héros (Maxime Lamourette) 

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Rédigé le 08/08/2018 à 12:06 | Lu 750 fois | 0 commentaire(s) modifié le 08/08/2018





Marion CHERVY
Rédactrice de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves Web. Chargée de Communication au sein des... En savoir plus sur cet auteur

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