Didier Michaux a littéralement bouleversé ma vie. On peut dire que la période où je l’ai le plus côtoyé au quotidien fut de 2000 à 2012. Je l’ai donc rencontré en dernière année d’études, à l’université de Nanterre. Mon dernier partage avec lui fut à Houlgate au printemps dernier, maison normande dans laquelle il s’était retiré depuis sa retraite.
Durant ces années-là, l’IFH (Institut Français d’Hypnose) était une toute petite famille. Il y avait quatre personnes dans les bureaux de la rue Marcadet du 18e arrondissement (Didier, la secrétaire qui fumait le cigare, Jeanne sa fille, et moi), en déploiement, avec tout le côté « cow-boy » qui allait avec. Il y avait une douzaine de formateurs habituels qui constituaient l’équipe de base de l’IFH. Didier m’avait proposé d’être « son aide, sa mémoire, son assistante du quotidien, sa roue de secours tout terrain » pour la partie formation, organisation et développement. Je garde de mes contacts avec lui sa capacité extraordinaire à ne pas imaginer l’ampleur que les formations hypnose allaient prendre. Une sorte d’étonnement, chaque année, de réaliser qu’il y avait de plus en plus de demandes, de plus en plus de personnes formées à l’hypnose. Par exemple, il se demandait, en 2000, s’il y avait un intérêt de créer un site Internet, puisque « de toute façon les gens viennent par le bouche-à-oreille ». De son point de vue, cet « engouement pour l’hypnose pouvait disparaître rapidement ». Une fois, j’ai le souvenir de lui avoir demandé s’il avait idée du nombre de personnes que l’IFH avait pu former depuis sa création en 1990, et l’impact dans la vie des soignants et des patients que cela avait pu avoir. En réponse à cela, il avait eu l’air un peu dubitatif, ce côté « je ne la ramène pas trop », cette forme d’humilité discrète qui l’a suivi toute sa vie. J’adorais discuter avec lui, au point je crois que nous étions devenus amis. L’IFH a déménagé plusieurs fois ses locaux. De la rue Marcadet dans le 18e au 11e arrondissement. Les deux formations principales qu’il avait créées, avec et grâce à Edouard Collot et Yves Halfon ensemble, étaient l’hypnothérapie (formation sur trois ans) et l’hypnoanalgésie (formation sur deux ans). A ma connaissance, il était le premier institut à avoir fait le choix de ces deux « branches ». Un jour, autour de 2005, il m’apprend que sa mère est hospitalisée en fin de vie. Nous échangeons sur la communication hospitalière, sur la souffrance de sa mère, sur des petites choses qu’il serait peut-être possible de mettre en place pour éviter moins de maltraitance. Sa mère décède, le laissant en questionnement sur l’humanisation des soins dans les hôpitaux. De là sont partis nos échanges sur ce qu’il serait intéressant de créer comme programme hospitalier de sept jours. Un quatuor se met alors en place : Antoine comme créateur de programme, Chantal comme étant la personne qui proposerait la formation en intra-hospitalier à l’hôpital Robert Debré, et moi comme animatrice de ces formations à travers toute la France pendant de longues années, tandis que Didier avec sa structure IFH pouvait proposer ces formations. A ma connaissance, ces formations courtes en intra-hospitalier n’étaient pas encore en place. Très rapidement il a fallu d’autres formateurs pour étoffer l’équipe, et aujourd’hui ces demandes se poursuivent. A la suite de Robert Debré, il y a eu l’hôpital de Lyon, puis tous ceux qui ont suivi et qui suivent encore. Quand je vois l’ampleur que ces formations ont sur les soignants et sur les patients, cela m’émeut encore lorsque je repense à la « naissance » de cette idée, qui comme bien souvent apparaît d’une vulnérabilité humaine devant trouver une part de solution.
Si je ferme les yeux et que j’imagine la présence de Didier, bien des éléments me reviennent en mémoire, comme un patchwork de souvenirs. Quelques respirations d’observation pour un voyage hypnotique avec Didier. Ma mémoire me redonne, en cadeau, différents lieux en présence avec lui :
- Son style bien à lui : il arrive, avec sa gabardine, sa sacoche toujours bien remplie lui donnant cette démarche toujours calme, sa façon de porter sa chemise avec ce détail insignifiant que ceux qui l’ont côtoyé retrouveront facilement. Il avait des yeux très clairs qui avaient d’ailleurs illustré, avec une photo en gros plan sur ses yeux, un article des années 1990 sur l’hypnose.
- Le son de sa voix lors de ses cours : le son particulier que ceux qui l’on côtoyé retrouveront facilement lors de ses accompagnements hypnotiques. Il avait également une façon toute particulière de suivre les stagiaires en formation dans sa supervision des exercices en sous- groupes. De temps en temps un léger coup de coude de ma part le faisait sortir de son état de conscience amplifié. Jusqu’au jour où un stagiaire un peu timide m’a avoué avoir énormément gagné en confiance dans sa pratique lorsqu’il a réalisé la réaction particulière qu’avait eu Didier lors de son accompagnement hypnotique pourtant dédié à un stagiaire « officiel ». Didier avait cet art de donner con - fiance, par sa façon d’être, par quelques conseils avisés, quelques anecdotes discrètes mais si bien placées.
- Sa conduite routière, hors du commun dans Paris : toujours zen quoi qu’il se passe. Toute personne ayant été passager avec lui dans ces années-là peut retrouver les sensations de ces moments. Sa façon à lui de conduire, sa façon à lui d’avoir un certain type de voiture. Il aimait aller chercher à l’aéroport ou à la gare les intervenants extérieurs qui, j’en suis certaine, se souviendront avec délectation de ces trajets avec lui.
- Des odeurs : celles qu’il affectionnait particulièrement à l’époque où beaucoup fumions encore, alors que lui avait dû s’arrêter. Il demandait toujours aux fumeurs de se positionner le vent face à lui, pour à sa façon pouvoir continuer à bénéficier des odeurs de la cigarette. Ou sinon, il se décalait pour bénéficier pleinement de la fumée.
- Des fous rires d’éléments gustatifs : nous étions à l’époque impliqués dans le GEAMH (Groupement pour les applications médicales de l’hypnose, créé en 1980) et comme nous devions organiser un congrès « Hypnose », nous nous étions mis en recherche d’un bon traiteur pour les pauses. Pendant des semaines et des semaines, nous avons fait des essais de traiteurs que nous faisions venir rue Marcadet, le temps de se décider sur lequel choisir. C’est resté une source de plaisanterie entre nous. Je crois ne l’avoir jamais entendu critiquer personne. Il était assez discret en tout. Son côté « bonne mère sympathique un peu tête en l’air » semblait faire entièrement partie de lui. Une chose qui l’a tenu toute sa vie était son goût de la recherche, des preuves et de tout ce qui pouvait venir valider scientifiquement ce que nous avancions sur l’hypnose. Certainement des restes de son travail de recherche au CNRS dans les années 1980. Et il incitait fortement toute personne souhaitant faire de la recherche, notamment lorsque Marie-Elisabeth Faymonville s’est formée à l’hypnose et qu’elle lui a demandé ce qu’elle pouvait faire ; sans hésitation, il lui a répondu : de la recherche. De là découlent les travaux que nous connaissons et qui ont tellement aidé à rendre l’hypnose crédible au point de participer à faire entrer cette approche à l’hôpital. Comme tout bon « Papa hypnotique », je ne garde de lui que ce qu’il m’a appris, transmis, donné et qui a fait en grande partie qui je suis aujourd’hui. Merci Didier.
ISABELLE IGNACE
Psychologue clinicienne. Formatrice et directrice d’Inspir’, organisme de formation spécialisé dans la formation hypnose en milieu hospitalier. Clinicienne en libérale à Montesson (Yvelines). Elle a exercé à l’hôpital Robert Debré et est aujourd’hui spécialisée dans l’accompagnement d’enfants, de femmes enceintes et de personnes atteintes de cancer
Durant ces années-là, l’IFH (Institut Français d’Hypnose) était une toute petite famille. Il y avait quatre personnes dans les bureaux de la rue Marcadet du 18e arrondissement (Didier, la secrétaire qui fumait le cigare, Jeanne sa fille, et moi), en déploiement, avec tout le côté « cow-boy » qui allait avec. Il y avait une douzaine de formateurs habituels qui constituaient l’équipe de base de l’IFH. Didier m’avait proposé d’être « son aide, sa mémoire, son assistante du quotidien, sa roue de secours tout terrain » pour la partie formation, organisation et développement. Je garde de mes contacts avec lui sa capacité extraordinaire à ne pas imaginer l’ampleur que les formations hypnose allaient prendre. Une sorte d’étonnement, chaque année, de réaliser qu’il y avait de plus en plus de demandes, de plus en plus de personnes formées à l’hypnose. Par exemple, il se demandait, en 2000, s’il y avait un intérêt de créer un site Internet, puisque « de toute façon les gens viennent par le bouche-à-oreille ». De son point de vue, cet « engouement pour l’hypnose pouvait disparaître rapidement ». Une fois, j’ai le souvenir de lui avoir demandé s’il avait idée du nombre de personnes que l’IFH avait pu former depuis sa création en 1990, et l’impact dans la vie des soignants et des patients que cela avait pu avoir. En réponse à cela, il avait eu l’air un peu dubitatif, ce côté « je ne la ramène pas trop », cette forme d’humilité discrète qui l’a suivi toute sa vie. J’adorais discuter avec lui, au point je crois que nous étions devenus amis. L’IFH a déménagé plusieurs fois ses locaux. De la rue Marcadet dans le 18e au 11e arrondissement. Les deux formations principales qu’il avait créées, avec et grâce à Edouard Collot et Yves Halfon ensemble, étaient l’hypnothérapie (formation sur trois ans) et l’hypnoanalgésie (formation sur deux ans). A ma connaissance, il était le premier institut à avoir fait le choix de ces deux « branches ». Un jour, autour de 2005, il m’apprend que sa mère est hospitalisée en fin de vie. Nous échangeons sur la communication hospitalière, sur la souffrance de sa mère, sur des petites choses qu’il serait peut-être possible de mettre en place pour éviter moins de maltraitance. Sa mère décède, le laissant en questionnement sur l’humanisation des soins dans les hôpitaux. De là sont partis nos échanges sur ce qu’il serait intéressant de créer comme programme hospitalier de sept jours. Un quatuor se met alors en place : Antoine comme créateur de programme, Chantal comme étant la personne qui proposerait la formation en intra-hospitalier à l’hôpital Robert Debré, et moi comme animatrice de ces formations à travers toute la France pendant de longues années, tandis que Didier avec sa structure IFH pouvait proposer ces formations. A ma connaissance, ces formations courtes en intra-hospitalier n’étaient pas encore en place. Très rapidement il a fallu d’autres formateurs pour étoffer l’équipe, et aujourd’hui ces demandes se poursuivent. A la suite de Robert Debré, il y a eu l’hôpital de Lyon, puis tous ceux qui ont suivi et qui suivent encore. Quand je vois l’ampleur que ces formations ont sur les soignants et sur les patients, cela m’émeut encore lorsque je repense à la « naissance » de cette idée, qui comme bien souvent apparaît d’une vulnérabilité humaine devant trouver une part de solution.
Si je ferme les yeux et que j’imagine la présence de Didier, bien des éléments me reviennent en mémoire, comme un patchwork de souvenirs. Quelques respirations d’observation pour un voyage hypnotique avec Didier. Ma mémoire me redonne, en cadeau, différents lieux en présence avec lui :
- Son style bien à lui : il arrive, avec sa gabardine, sa sacoche toujours bien remplie lui donnant cette démarche toujours calme, sa façon de porter sa chemise avec ce détail insignifiant que ceux qui l’ont côtoyé retrouveront facilement. Il avait des yeux très clairs qui avaient d’ailleurs illustré, avec une photo en gros plan sur ses yeux, un article des années 1990 sur l’hypnose.
- Le son de sa voix lors de ses cours : le son particulier que ceux qui l’on côtoyé retrouveront facilement lors de ses accompagnements hypnotiques. Il avait également une façon toute particulière de suivre les stagiaires en formation dans sa supervision des exercices en sous- groupes. De temps en temps un léger coup de coude de ma part le faisait sortir de son état de conscience amplifié. Jusqu’au jour où un stagiaire un peu timide m’a avoué avoir énormément gagné en confiance dans sa pratique lorsqu’il a réalisé la réaction particulière qu’avait eu Didier lors de son accompagnement hypnotique pourtant dédié à un stagiaire « officiel ». Didier avait cet art de donner con - fiance, par sa façon d’être, par quelques conseils avisés, quelques anecdotes discrètes mais si bien placées.
- Sa conduite routière, hors du commun dans Paris : toujours zen quoi qu’il se passe. Toute personne ayant été passager avec lui dans ces années-là peut retrouver les sensations de ces moments. Sa façon à lui de conduire, sa façon à lui d’avoir un certain type de voiture. Il aimait aller chercher à l’aéroport ou à la gare les intervenants extérieurs qui, j’en suis certaine, se souviendront avec délectation de ces trajets avec lui.
- Des odeurs : celles qu’il affectionnait particulièrement à l’époque où beaucoup fumions encore, alors que lui avait dû s’arrêter. Il demandait toujours aux fumeurs de se positionner le vent face à lui, pour à sa façon pouvoir continuer à bénéficier des odeurs de la cigarette. Ou sinon, il se décalait pour bénéficier pleinement de la fumée.
- Des fous rires d’éléments gustatifs : nous étions à l’époque impliqués dans le GEAMH (Groupement pour les applications médicales de l’hypnose, créé en 1980) et comme nous devions organiser un congrès « Hypnose », nous nous étions mis en recherche d’un bon traiteur pour les pauses. Pendant des semaines et des semaines, nous avons fait des essais de traiteurs que nous faisions venir rue Marcadet, le temps de se décider sur lequel choisir. C’est resté une source de plaisanterie entre nous. Je crois ne l’avoir jamais entendu critiquer personne. Il était assez discret en tout. Son côté « bonne mère sympathique un peu tête en l’air » semblait faire entièrement partie de lui. Une chose qui l’a tenu toute sa vie était son goût de la recherche, des preuves et de tout ce qui pouvait venir valider scientifiquement ce que nous avancions sur l’hypnose. Certainement des restes de son travail de recherche au CNRS dans les années 1980. Et il incitait fortement toute personne souhaitant faire de la recherche, notamment lorsque Marie-Elisabeth Faymonville s’est formée à l’hypnose et qu’elle lui a demandé ce qu’elle pouvait faire ; sans hésitation, il lui a répondu : de la recherche. De là découlent les travaux que nous connaissons et qui ont tellement aidé à rendre l’hypnose crédible au point de participer à faire entrer cette approche à l’hôpital. Comme tout bon « Papa hypnotique », je ne garde de lui que ce qu’il m’a appris, transmis, donné et qui a fait en grande partie qui je suis aujourd’hui. Merci Didier.
ISABELLE IGNACE
Psychologue clinicienne. Formatrice et directrice d’Inspir’, organisme de formation spécialisé dans la formation hypnose en milieu hospitalier. Clinicienne en libérale à Montesson (Yvelines). Elle a exercé à l’hôpital Robert Debré et est aujourd’hui spécialisée dans l’accompagnement d’enfants, de femmes enceintes et de personnes atteintes de cancer
Histoire de l'hypnose. Avec Didier MICHAUX
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°67
N°67 : Novembre / Décembre 2022 / Janvier 2023
Sommaire de ce n°67 :
Dans un très beau texte, drôle et subtil, Virginie Lagrée rend hommage à la créativité et à l’éthique des familles d’accueil thérapeutique adultes. Elle nous montre, à partir de nombreux exemples, toutes les stratégies développées par ces familles, en lien avec une fine observation des relations tissées au fil de la vie quotidienne. Connaissant bien la pratique de l’accueil familial, devant la qualité de la prise en charge de tous ces patients, pour la plupart psychotiques, on peut s’étonner du peu de services de cette nature dans la psychiatrie publique. Un joli moment d’émotion et de réflexion sur la capacité de chacun à faire confiance à son inconscient.
Julien Betbèze : Edito : Didier Michaux, chercheur et passeur de l’hypnose
Quel plaisir d’accueillir dans ce n°67 la réflexion de Dominique Megglé sur la manière de comprendre la psychopathologie à partir de l’hypnose. Il décrit dans les peurs névrotiques le rôle majeur de la peur de l’oubli, de la peur de la nouveauté, et le rôle de l’hypnose profonde pour les traverser. Il souligne l’importance de la ratification et de la qualité relationnelle et développe une hypnopathologie passionnante sur la compréhension de ces différents troubles psychiatriques.
Michel Ruel nous fait part de son expérience sur le travail avec les endeuillés. Il souligne l’inventivité des hypnothérapeutes français pour retrouver un lien avec les personnes disparues, lien indispensable pour faire un travail de deuil et favoriser un nouveau départ.
Bogdan Pavlovici nous fait découvrir une approche novatrice en pédopsychiatrie pour rentrer en contact et faire lien avec tous ces enfants réticents qui peinent à s’investir dans une dynamique de soins. A travers l’histoire de Nicolas, 9 ans, il décrit le rôle de la transe hypnotique dans l’écriture des lettres envoyées par le thérapeute, et leur effet thérapeutique en retour chez l’enfant et sa famille.
En couverture : Lisa Bellavoine : Créer le regard
Espace Douleur douceur
. Gérard Ostermann : Edito : Les arbres de l’infinie douleur
. Dans « Douleur d’amputation », Véronique Betbèze détaille les deux séances d’hypnose qui lui ont permis de remettre en mouvement un patient amputé.
. Magali Farrugia nous explique comment l’hypnose peut compléter l’accompagnement d’une patiente en soins palliatifs et détaille les séances avec une patiente atteinte d’un cancer de l’estomac. Un chemin vers les étoiles.
. David Ogez et Maryse Aubin nous invitent à pratiquer l’autohypnose. A travers le récit de Maryse, patiente en clinique de gestion de la douleur au Québec, nous apprenons comment un programme d’entraînement à l’autohypnose qui vise à réduire les douleurs chroniques des patients et réduire la prise en charge de médication opioïde est mis en place.
. Un hommage à Didier Michaud, chercheur et passeur de l’hypnose qui vient de nous quitter. Isabelle Ignace, Yves Halfon, Jean-Marc Benhaiem, Brigitte Lutz, François Thioly, Gaston Brosseau, Sophie Cohen.
Rubriques :
. Quiproquo : Stefano Colombo et Mohand Chérif Si Ahmed : Le deuil
Culture du monde :
. Nicolas D’Inca : Se libérer du paradoxe – Du zen à l’école de Palo Alto
. Bonjour et après : Sophie Cohen : Le poids du couple… gagner en légèreté
Les grands entretiens : Rubin Battino interviewé par Gérard Fitoussi
Crédit Photos © Lise Bellavoine
Sommaire de ce n°67 :
Dans un très beau texte, drôle et subtil, Virginie Lagrée rend hommage à la créativité et à l’éthique des familles d’accueil thérapeutique adultes. Elle nous montre, à partir de nombreux exemples, toutes les stratégies développées par ces familles, en lien avec une fine observation des relations tissées au fil de la vie quotidienne. Connaissant bien la pratique de l’accueil familial, devant la qualité de la prise en charge de tous ces patients, pour la plupart psychotiques, on peut s’étonner du peu de services de cette nature dans la psychiatrie publique. Un joli moment d’émotion et de réflexion sur la capacité de chacun à faire confiance à son inconscient.
Julien Betbèze : Edito : Didier Michaux, chercheur et passeur de l’hypnose
Quel plaisir d’accueillir dans ce n°67 la réflexion de Dominique Megglé sur la manière de comprendre la psychopathologie à partir de l’hypnose. Il décrit dans les peurs névrotiques le rôle majeur de la peur de l’oubli, de la peur de la nouveauté, et le rôle de l’hypnose profonde pour les traverser. Il souligne l’importance de la ratification et de la qualité relationnelle et développe une hypnopathologie passionnante sur la compréhension de ces différents troubles psychiatriques.
Michel Ruel nous fait part de son expérience sur le travail avec les endeuillés. Il souligne l’inventivité des hypnothérapeutes français pour retrouver un lien avec les personnes disparues, lien indispensable pour faire un travail de deuil et favoriser un nouveau départ.
Bogdan Pavlovici nous fait découvrir une approche novatrice en pédopsychiatrie pour rentrer en contact et faire lien avec tous ces enfants réticents qui peinent à s’investir dans une dynamique de soins. A travers l’histoire de Nicolas, 9 ans, il décrit le rôle de la transe hypnotique dans l’écriture des lettres envoyées par le thérapeute, et leur effet thérapeutique en retour chez l’enfant et sa famille.
En couverture : Lisa Bellavoine : Créer le regard
Espace Douleur douceur
. Gérard Ostermann : Edito : Les arbres de l’infinie douleur
. Dans « Douleur d’amputation », Véronique Betbèze détaille les deux séances d’hypnose qui lui ont permis de remettre en mouvement un patient amputé.
. Magali Farrugia nous explique comment l’hypnose peut compléter l’accompagnement d’une patiente en soins palliatifs et détaille les séances avec une patiente atteinte d’un cancer de l’estomac. Un chemin vers les étoiles.
. David Ogez et Maryse Aubin nous invitent à pratiquer l’autohypnose. A travers le récit de Maryse, patiente en clinique de gestion de la douleur au Québec, nous apprenons comment un programme d’entraînement à l’autohypnose qui vise à réduire les douleurs chroniques des patients et réduire la prise en charge de médication opioïde est mis en place.
. Un hommage à Didier Michaud, chercheur et passeur de l’hypnose qui vient de nous quitter. Isabelle Ignace, Yves Halfon, Jean-Marc Benhaiem, Brigitte Lutz, François Thioly, Gaston Brosseau, Sophie Cohen.
Rubriques :
. Quiproquo : Stefano Colombo et Mohand Chérif Si Ahmed : Le deuil
Culture du monde :
. Nicolas D’Inca : Se libérer du paradoxe – Du zen à l’école de Palo Alto
. Bonjour et après : Sophie Cohen : Le poids du couple… gagner en légèreté
Les grands entretiens : Rubin Battino interviewé par Gérard Fitoussi
Crédit Photos © Lise Bellavoine