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Corps en relation et boulimie. Sophie Cohen. Hors-Série Hypnose et Thérapies Brèves 17


L’auteure nous présente un cas concret qui illustre sa façon de travailler avec les personnes qui consultent pour des troubles alimentaires de type crise de boulimie.



Corps en relation et boulimie. Sophie Cohen. Hors-Série Hypnose et Thérapies Brèves 17
Je rencontre à trois reprises en visio celle que l’on prénommera Sylvie dans le cadre de cet article. Je ne la rencontrerai jamais en présentiel. Sylvie est étudiante dans une ville du sud de la France. Ses parents habitent le centre de la France. Depuis que Sylvie vit seule pour ses études, elle fait des crises de boulimie. Elle en faisait un peu déjà chez elle dans les moments où elle se sentait stressée. Par exemple, les situations d’examens ou de contrôles des connaissances. Lors de ses épisodes de boulimie, elle mange principalement du sucré en grande quantité et ce dans un laps de temps très rapide. Ce qui est d’ailleurs souvent le cas : manger de grandes quantités de nourriture dans un laps de temps court, très court. Lorsque je rencontre des patients, je prends le soin de connaître leur relation à leur trouble. En l’occurrence ici, pour ma patiente Sylvie, je l’interroge sur sa relation à la nourriture.

«... après avoir mangé, je me sens mal, lourde, coupable, je me dégoûte »

- La thérapeute : « Quelle est votre relation à la nourriture ? A quoi imaginez- vous que vous sert la nourriture ?

- Sylvie : Je suis attentive à la qualité des produits que je mange. J’imagine que manger m’apaise et me réconforte. J’ai l’impression que sur le moment, en tout cas, ça m’apaise.

- Th. : Quelles sont les situations où votre relation à la nourriture dérape ?

- Sylvie : Ce sont essentiellement des situations de stress ou d’anxiété. J’ai peur de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur.

- Th. : Que mangez-vous en général lors de ces moments ?

- Sylvie : Je mange de grandes quantités, en général plutôt du sucré. Essentiellement des gâteaux, du chocolat, du pain...

- Th. : Avez-vous faim dans ces moments ?

- Sylvie : Non, pas du tout.

- Th. : Comment vous sentez-vous après avoir mangé, alors que vous n’avez pas faim et que vous avez mangé vite de grandes quantités ?

- Sylvie : Après, je me sens mal, lourde, coupable. Je me sens mal, je me dégoûte.

- Th. : Si je vous ai bien comprise, avant de manger vous vous sentez anxieuse, stressée, vous mangez pour apaiser cette anxiété, ce stress, et après avoir mangé vous vous sentez encore plus mal qu’avant, est-ce exact ?

- Sylvie : Oui, c’est tout à fait ça. Finalement manger ne me sert à rien par rapport au stress et à l’anxiété.

- Th. : Est-ce que vous pourriez dire que non seulement dans ces cas-là, manger ne sert à rien vis-à-vis de votre stress ou votre anxiété, mais crée un nouveau problème ?

- Sylvie : Oui, c’est tout à fait ça. Je ressens de l’anxiété et je sens comme un vide dans mon être. Je mange, et en fait j’ai un autre problème après avoir mangé, je me sens mal, lourde, coupable d’avoir encore cédé à cette impulsion.

- Th. : Est-ce que vous seriez d’accord pour dire que manger déplace votre attention du problème initial qui est le stress, ne le résout pas et crée un sentiment de mal-être ?

- Sylvie : Oui, vous m’avez bien comprise.

« Je faisais l’erreur de confondre la faim avec l’apaisement de mon stress »

- Th. : Seriez-vous d’accord pour dire que, finalement, manger ne sert à rien vis-à-vis de l’anxiété. Manger est nécessaire et même vital si votre corps a faim.

- Sylvie : Oui, c’est tout à fait ça. Je faisais l’erreur de confondre la faim avec l’apaisement de mon stress. »

Cet entretien permet à la personne d’expliquer son trouble, de découvrir et d’exprimer les liens entre anxiété et nourriture.

- Th. : « Qu’est-ce qui vous permet d’apaiser votre anxiété de façon efficace ? Dans les situations où vous ne mangez pas, comment apaisez-vous votre stress ou votre anxiété ? Pourriez-vous prendre un exemple précis ?

- Sylvie : Lundi soir je suis rentrée fatiguée des cours. J’avais un devoir à rendre le lendemain que je n’avais même pas commencé. Je me suis dit, c’est foutu. J’ai commencé à penser que j’aurai nécessairement une mauvaise note, que ça allait impacter sur mon semestre, sur mon année. Je me suis dit que j’étais nulle. Et c’est là que j’ai mangé tout le chocolat du placard, tous les gâteaux, les yaourts, les compotes, le Nutella...

- Th. : Sylvie, je vous propose de reprendre cet exemple très intéressant, je vous remercie de votre authenticité qui va vous aider à sortir du problème. Lorsque vous rentrez des cours, fatiguée, de quoi avez-vous besoin ?

- Sylvie : J’ai besoin d’énergie et c’est pour ça que je mange.

- Th. : Lorsque vous êtes fatiguée, avez-vous besoin d’énergie ou de repos ? - Sylvie : Oui, lorsque je suis fatiguée, j’ai besoin de repos. L’erreur c’est que je confonds fatigue et faim.

- Th. : A quoi sentez-vous la faim de votre corps ?

- Sylvie : Le ventre qui gargouille, des spasmes dans le ventre et un léger mal de tête.

- Th. : Bravo, en effet ce sont les signes de la faim du corps. Lorsque vous les ressentez, pas d’erreur, vous pouvez manger. Maintenant lorsque vous êtes fatiguée,quelestvotrebesoin?Vousreposer,disiez-vous.Jesuisencored’accord avec vous. Comment vous reposez-vous efficacement ?

- Sylvie : Je m’allonge, j’écoute de la musique en fermant les yeux. En général, en vingt à trente minutes, je me sens déjà mieux.

- Th. : Donc, imaginez lundi soir ou un autre soir, vous rentrez, vous êtes fatiguée, vous vous reposez le temps nécessaire.Vous avez un devoir à rendre pour le lendemain, ce qui vous stresse car tout est à faire. De quelles solutions disposez-vous ?


« Ne mangez que si vous êtes certaine de ressentir la faim dans votre corps »

- Sylvie : Soit je m’y mets et je fais de mon mieux. Soit, je rends un début et demande un délai au prof. Soit, je demande un délai pour l’ensemble du devoir. Il m’est déjà arrivé de travailler toute la nuit et de rendre de bons devoirs.

- Th. : Donc, pour être certaine d’avoir compris ce que vous venez de dire : vous travaillez finalement efficacement dans l’urgence. Ça me rappelle une personne qui était venue me consulter, qui avait un article à écrire et avait la panne du stylo. Je lui ai proposé, lors d’une séance d’hypnose, de voir son article écrit. En fait, l’article était déjà écrit dans sa tête. Il n’attendait que le dernier moment pour le mettre sur l’ordinateur.

- Sylvie : C’est exactement comme ça que ça se passe la plupart du temps. Depuis le collège, je stresse ou mes parents me font stresser car je ne commence pas, mais en fait je commence intérieurement mais sans passer par le papier. Juste en y pensant.

- Th. : Que ressentez-vous dans votre corps, là, maintenant ?

- Sylvie : Je me sens comme soulagée.

- Th. : Où est-ce que vous ressentez ce soulagement ?

- Sylvie : Justement, dans le ventre. En ayant rendez-vous avec vous, j’avais un peu peur de comment ça allait se passer, et justement je ressentais comme un vide dans le ventre, comme si j’avais faim. J’ai compris maintenant que je confonds angoisse et faim. Là, je ressens un relâchement dans le ventre.

- Th. : Bravo Sylvie ! C’est exactement ça. Ne mangez que si vous êtes certaine de ressentir la faim dans votre corps. Si vous avez peur, c’est d’apaisement dont vous avez besoin. Qu’est-ce qui vous apaise généralement de façon efficace ?

- Sylvie : Ce qui m’apaise, c’est d’être dans l’action et/ou en relation avec ceux que j’aime ou de faire ce que j’aime.

- Th. : Je vous propose de réaliser une séance d’hypnose... »

Tout au long de cet entretien, il va de soi que Sylvie a connu de nombreux moments d’hypnose. Nous avons pu l’observer au travers de ce que nous appelons les signes minimaux de la transe.

« ... vous sentez la force de l’attraction terrestre, comme si vous aviez pris du poids »

Je vais proposer à Sylvie de faire une séance de transe debout. En effet, les personnes qui ont de fausses croyances comme Sylvie (manger lorsqu’elle ressent de la fatigue ou de l’angoisse) sont dissociées des sensations de leur corps. Ces personnes écoutent davantage ce que les pensées leur disent (« mange, ça ira mieux après »). Alors que cette croyance crée un problème qui attire l’attention sans résoudre le pro- blème initial et crée également un manque de confiance en soi. L’objectif de cette séance d’hypnose est donc de la réassocier à son corps, d’utiliser tout ce qui a été découvert pendant la séance autour des besoins, de créer chez Sylvie un véritable répertoire d’expérience où elle agit en lien avec ses besoins et non en lien avec ses pensées.

- Th. : « Sylvie, je vous invite à vous mettre debout, les pieds écartés de la largeur du bassin. (Je précise que suis également debout pendant la séance, un fauteuil ou une chaise se situant derrière la personne, de sorte qu’elle puisse s’asseoir quand elle le désire, si elle en ressent le besoin.) Je vous propose de poser votre attention dans le contact de vos pieds avec le sol. Je vous invite à vous balancer d’un pied sur l’autre, de droite à gauche. Je vous propose de bien sentir les points d’appui qui se déplacent.Vous sentez l’extérieur du pied sur lequel vous êtes en appui, puis l’intérieur de l’autre pied... et l’extérieur, et vous faites cela de façon lente de sorte de bien sentir. Très bien. Je vous invite également à vous balancer tranquillement d’avant en arrière et de ressentir ce qui se passe dans les appuis. Bien ressentir les sensations. Si cela vous aide, vous pouvez déjà maintenant laisser vos yeux se fermer.Vous laissez votre attention se poser dans les chevilles et vous continuer à sentir le mouvement lié au balancement et l’effet de ce mouvement sur les sensations dans vos chevilles.Vous sentez également les sensations de chaleur, fraîcheur, lourdeur, légèreté... Peut-être sentez-vous d’autres sensations. Vous sentez bien vos pieds et vos chevilles et vous sentez la force de l’attraction terrestre, comme si vous aviez pris du poids. Vous n’avez pas pris de poids, vous ressentez simplement votre présence.Vous laissez votre attention se poser dans les genoux...» (On continue ainsi jusque dans les hanches.)

« ... c’est comme si les gâteaux et le chocolat vous parlaient : “viens, mange-nous, avec nous tu vas avoir de l’énergie... »

« Vous savez pourquoi vous êtes ici, vous avez décidé de changer de posture face à l’alimentation. Lorsque vous avez faim, vous mangez tranquillement ce qui est utile pour vous, pour votre corps. Vous pouvez vous voir aujourd’hui... demain... être à un moment de la journée... et ressentir les sensations de faim : gargouillis dans le ventre, spasmes dans le ventre, léger mal de tête. Là, vous êtes certaine d’avoir faim et vous vous voyez manger tranquillement ce qui est utile pour le bon fonctionnement de votre corps, vous mangez ce que vous aimez. Vous laissez votre attention se poser dans la zone digestive et respiratoire.Vous...

Pour lire la suite de cet article de la revue...






SOPHIE COHEN

Psychologue, pratique l’hypnose depuis plus de vingt ans. Enseigne dans différents instituts et hôpitaux l’hypnose et les thérapies brèves. Responsable de la rubrique « Bonjour et après » et de l’iconographie dans la revue « Hypnose & Thérapies brèves ». A dirigé la revue pendant six ans. Consulte en présentiel et en distanciel.

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Les troubles des conduites alimentaires
Comprendre et mieux soigner

Organisé par Bruno Dubos, psychiatre, spécialiste du traitement des troubles des conduites alimentaires, avec la complicité de Julien Betbèze, rédacteur en chef de la revue Hypnose & thérapies brèves, ce hors-série de 212 pages réunit les interventions de onze thérapeutes qui décrivent leur manière de travailler. Chaque article s’appuie sur une expérience clinique et vise à transmettre des pistes pour aider les patients à se libérer des histoires dominantes dans lesquelles ils sont enfermés.

Sophie Cohen nous donne un bon exemple de stratégie pour aborder une crise de boulimie. Elle décrit une séance de « transe debout » dans laquelle elle va réintégrer les modifications de perception ayant émergé dans le dialogue thérapeutique.

Eric Bardot nous présente la situation d’une jeune femme consultant pour une surcharge pondérale. La description de l’entretien, très détaillée, nous fait comprendre l’apport novateur de la TLMR (Thérapie du Lien et des Mondes Relationnels) à l’utilisation de l’hypnose en thérapie.

Gérard Ostermann pose avec acuité le lien entre anorexie et addiction, et souligne l’intérêt de la thérapie narrative pour rencontrer l’autre.

Elisa Valteroni, collaboratrice de Giorgio Nardone, nous explique clairement comment utiliser un diagnostic opératoire avant de débloquer les processus perception-réaction dysfonctionnels. Elle insiste sur l’importance de la phase de consolidation et aborde la question du suivi.

Dominique Bligny met l’accent sur le sevrage du self-control et souligne les lacunes des recommandations de l’HAS pour cette prise en charge très spécifique. Elle nous donne des conseils pratiques très utiles en thérapie.

Cyprien Boulch nous rappelle l’intérêt, dans l’anorexie mentale, d’associer la prise en charge nutritionniste et psychiatrique avec la kinésithérapie.

Stéphanie Delacour aborde le thème de la sexualité avec deux patientes présentant une obésité. Elle souligne l’importance du mouvement dans la relation et du retour des émotions, avant de se focaliser sur la perte de poids.

Dominique Cassuto relie l’alimentation intuitive et l’hypnose dans la prise en charge de la surcharge pondérale.

Anne-Cécile Odeau nous donne un exemple de prise en charge familiale en thérapie systémique et l’intérêt d’une intervention précoce avant la chronicisation des symptômes.

Julien Betbèze présente l’évolution de l’anorexie hystérique vers l’anorexie addictive, à partir du processus d’autonomie relationnelle, en lien avec la représentation de la féminité de Freud à nos jours.
Il développe le type de questions à poser en début de thérapie pour faire émerger l’autonomie, dans une relation perçue comme maltraitante.

Bruno Dubos souligne pour les thérapeutes, l’importance de travailler les ressentis sensoriels dans un lieu sécure. Il dévoile l’importance des intentions relationnelles dans le processus d’autonomisation et décrit la mise en place d’un espace de sécurité partagée pour remettre le corps en mouvement.
 
Crédit Photo Jean-Baptiste Valiente Moro



Rédigé le 21/03/2023 à 19:13 | Lu 4755 fois | 0 commentaire(s) modifié le 21/03/2023





Laurent GROSS
- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies... En savoir plus sur cet auteur

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