« La vulnérabilité des choses précieuses est belle parce que la vulnérabilité est une marque d’existence. » Simone WEIL
Marc Galy révise le stoïcisme ! « Sustine et abstine » (svstine•et• abstine) est la maxime des stoïciens (traduite du grec ancien : anekhou kai apekhou) qui signifie littérallement : « Supporte et abstiens-toi ». Voici une anecdote que rapporte Plutarque, le philosophe grec du début de l’ère chrétienne : c’est le fameux enfant renard. C’est un enfant qui dissimule un renard. C’est un enfant spartiate tout jeune qui cache un renard dans son manteau. C’est intéressant de savoir ce qui se passait dans la tête d’un enfant spartiate, militaire... Il a volé un renard, le vol n’est pas licite à Sparte, mais on admire cet enfant parce que, alors que le renard le mord, l’enfant ne moufte pas, il garde son impassibilité ou ataraxie toute spartiate. Là encore, c’est l’idée que c’est un véritable homme. L’écrivain et philosophe Guillaume Le Blanc écrit dans la revue Esprit : « Entrer dans la maladie (...), c’est entrer dans la fragilité de la vie. Vivre dans la maladie, c’est vivre de l’intérieur même de cette conscience de la fragilité. Une vie malade n’est donc pas seulement une vie diminuée mais une vie modifiée par l’événement qu’est la maladie et qui implique une vie autre, vulnérable » (1). Oui, mais la vulnérabilité n’est pas une potentialité morbide. Les ingrédients de la relation thérapeutique tels que proposés par Marc Galy, à savoir : la présence, la posture juste, l’écoute non armée, l’espace de l’attente, nous font clairement sentir que la résilience est la force de la faiblesse. Ce qui permet à une relation asymétrique de fonctionner correctement, c’est la « confiance ». Ce n’est que lorsque l’acteur le plus vulnérable a confiance en l’autre, et que celui-ci n’abuse pas de la confiance reçue, qu’il peut espérer obtenir des « avantages » de la relation qui va s’instaurer. Contrairement donc à la théorie contractualiste, qui formalise la confiance en théorisant l’existence de relations entre égaux dans un monde idéal, l’expérience montre l’importance que joue la confiance dans la création et le maintien des relations entre des individus qui n’occupent pas la même position. De ce point de vue, la confiance est ce qui amène quelqu’un à s’en remettre à quelqu’un d’autre afin de réaliser un objectif spécifique ou un but particulier.
« La lignée humaine est une longue corde tressée qui permet l’ascension. » François CHENG, Une longue route pour m’unir au chant français
Marie-Anne Jolly tisse des liens Le mouvement empathique que Daniel Wildlöcher définit comme un mouvement de « co-pensée » et qui structure (autant qu’il est déterminé par) ce travail de liaison es t un suppor t fondamental de l ’activité thérapeutique. « Le corps qui dysfonctionne est l’expression d’un désaccord relationnel qu’il s’agit de réharmoniser grâce à la thérapie. »
La corporéité, au coeur de la rupture, entre le savoir objectivant et la parole singulière. Le sujet ne fait l’expérience de la relation positive avec le thérapeute en tant qu’être humain et non seulement comme patient que dans la mesure où il va intégrer corporellement les intentions positives du thérapeute et c’est là que l’accordage peut se mettre en place. Comme nous l’enseigne Julien Betbèze, plus je suis en relation avec l’autre, plus je suis en relation avec moi, cela signifie que plus je suis en relation avec l’autre (je rentre dans son monde, je lâche prise) et plus je suis en relation avec moi, plus je suis libre. Et plus je suis en relation avec moi, tout en étant différent de ce qu’est l’autre, plus l’autre est en relation avec moi (il est alors en capaci té d’accuei l l i r les intentions positives dans ma différence). Je suis créatif non pas contre lui mais pour agrandir notre relation. L’un et l’autre sont libres dans un mouvement plein de relations, dans une nécessité de relation. S’il n’y a pas ce partage affectif, on ne peut pas exister en tant que sujet. Tous les processus de réassociation qui permettent au sujet de se sentir incarné et libre passent par cette relation sécure à l’autre, le sujet se sentant validé dans son existence et autorisé dans ses prises d’initiative à construire un monde plein de sens. De façon très habile, Marie-Anne Jolly fait intervenir le prisme de la théorie polyvagale dans le processus de ré-association et de ré-accordage.
Philippe Rayet prend le taureau par les cornes pour le plus grand bien de sa patiente. Une spectaculaire guérison d’une douleur post-traumatique en quatre heures ! Philippe Rayet nous fait entrer de plain-pied dans l’arène d’un syndrome douloureux dont souffre l’agricultrice Michèle, bousculée par une vache. C’est par la maîtrise de l’hypnose et de l’EMDR que l’auteur nous présente tout le déroulé du soulagement de sa patiente. Sa finesse clinique lui enjoint de croire à juste titre qu’une douleur n’est jamais neuve. Philippe Rayet ne se contente pas en effet de permettre le soulagement total des symptômes, mais il s’enquiert par l’anamnèse de mieux comprendre le terrain qui a favorisé la dimension traumatique. Son oreille attentive et discrète, que rien n’effraie, qui ne juge pas, peut être qualifiée de divine douceur. Je ne peux que souscrire au titre très parlant de son article : « Victime d’une vache, elle boit du petit lait » grâce à l’hypnose... et j’ajouterai : voici une thérapie vachement bien menée !
Note Le Blanc G., La vie psychique de la maladie, « Esprit », janvier 2006, pp. 109-121 (p. 114).
Marc Galy révise le stoïcisme ! « Sustine et abstine » (svstine•et• abstine) est la maxime des stoïciens (traduite du grec ancien : anekhou kai apekhou) qui signifie littérallement : « Supporte et abstiens-toi ». Voici une anecdote que rapporte Plutarque, le philosophe grec du début de l’ère chrétienne : c’est le fameux enfant renard. C’est un enfant qui dissimule un renard. C’est un enfant spartiate tout jeune qui cache un renard dans son manteau. C’est intéressant de savoir ce qui se passait dans la tête d’un enfant spartiate, militaire... Il a volé un renard, le vol n’est pas licite à Sparte, mais on admire cet enfant parce que, alors que le renard le mord, l’enfant ne moufte pas, il garde son impassibilité ou ataraxie toute spartiate. Là encore, c’est l’idée que c’est un véritable homme. L’écrivain et philosophe Guillaume Le Blanc écrit dans la revue Esprit : « Entrer dans la maladie (...), c’est entrer dans la fragilité de la vie. Vivre dans la maladie, c’est vivre de l’intérieur même de cette conscience de la fragilité. Une vie malade n’est donc pas seulement une vie diminuée mais une vie modifiée par l’événement qu’est la maladie et qui implique une vie autre, vulnérable » (1). Oui, mais la vulnérabilité n’est pas une potentialité morbide. Les ingrédients de la relation thérapeutique tels que proposés par Marc Galy, à savoir : la présence, la posture juste, l’écoute non armée, l’espace de l’attente, nous font clairement sentir que la résilience est la force de la faiblesse. Ce qui permet à une relation asymétrique de fonctionner correctement, c’est la « confiance ». Ce n’est que lorsque l’acteur le plus vulnérable a confiance en l’autre, et que celui-ci n’abuse pas de la confiance reçue, qu’il peut espérer obtenir des « avantages » de la relation qui va s’instaurer. Contrairement donc à la théorie contractualiste, qui formalise la confiance en théorisant l’existence de relations entre égaux dans un monde idéal, l’expérience montre l’importance que joue la confiance dans la création et le maintien des relations entre des individus qui n’occupent pas la même position. De ce point de vue, la confiance est ce qui amène quelqu’un à s’en remettre à quelqu’un d’autre afin de réaliser un objectif spécifique ou un but particulier.
« La lignée humaine est une longue corde tressée qui permet l’ascension. » François CHENG, Une longue route pour m’unir au chant français
Marie-Anne Jolly tisse des liens Le mouvement empathique que Daniel Wildlöcher définit comme un mouvement de « co-pensée » et qui structure (autant qu’il est déterminé par) ce travail de liaison es t un suppor t fondamental de l ’activité thérapeutique. « Le corps qui dysfonctionne est l’expression d’un désaccord relationnel qu’il s’agit de réharmoniser grâce à la thérapie. »
La corporéité, au coeur de la rupture, entre le savoir objectivant et la parole singulière. Le sujet ne fait l’expérience de la relation positive avec le thérapeute en tant qu’être humain et non seulement comme patient que dans la mesure où il va intégrer corporellement les intentions positives du thérapeute et c’est là que l’accordage peut se mettre en place. Comme nous l’enseigne Julien Betbèze, plus je suis en relation avec l’autre, plus je suis en relation avec moi, cela signifie que plus je suis en relation avec l’autre (je rentre dans son monde, je lâche prise) et plus je suis en relation avec moi, plus je suis libre. Et plus je suis en relation avec moi, tout en étant différent de ce qu’est l’autre, plus l’autre est en relation avec moi (il est alors en capaci té d’accuei l l i r les intentions positives dans ma différence). Je suis créatif non pas contre lui mais pour agrandir notre relation. L’un et l’autre sont libres dans un mouvement plein de relations, dans une nécessité de relation. S’il n’y a pas ce partage affectif, on ne peut pas exister en tant que sujet. Tous les processus de réassociation qui permettent au sujet de se sentir incarné et libre passent par cette relation sécure à l’autre, le sujet se sentant validé dans son existence et autorisé dans ses prises d’initiative à construire un monde plein de sens. De façon très habile, Marie-Anne Jolly fait intervenir le prisme de la théorie polyvagale dans le processus de ré-association et de ré-accordage.
Philippe Rayet prend le taureau par les cornes pour le plus grand bien de sa patiente. Une spectaculaire guérison d’une douleur post-traumatique en quatre heures ! Philippe Rayet nous fait entrer de plain-pied dans l’arène d’un syndrome douloureux dont souffre l’agricultrice Michèle, bousculée par une vache. C’est par la maîtrise de l’hypnose et de l’EMDR que l’auteur nous présente tout le déroulé du soulagement de sa patiente. Sa finesse clinique lui enjoint de croire à juste titre qu’une douleur n’est jamais neuve. Philippe Rayet ne se contente pas en effet de permettre le soulagement total des symptômes, mais il s’enquiert par l’anamnèse de mieux comprendre le terrain qui a favorisé la dimension traumatique. Son oreille attentive et discrète, que rien n’effraie, qui ne juge pas, peut être qualifiée de divine douceur. Je ne peux que souscrire au titre très parlant de son article : « Victime d’une vache, elle boit du petit lait » grâce à l’hypnose... et j’ajouterai : voici une thérapie vachement bien menée !
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Pr Gérard OSTERMANN
Professeur de thérapeutique, médecine interne, psychothérapeute. Administrateur de la Société française d’alcoologie, responsable du diplôme d’université de Pathologie de l’oralité, Bordeaux 2.
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