Hypnothérapie
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Hypnose du présent, hypnose de l'acceptation


Hypnose. Les fondations du temps
Par le Dr Alain VALLÉE, Médecin Psychiatre à Nantes, Président d'honneur de l'AREPTA.



Hypnose du présent, hypnose de l'acceptation
Depuis pas mal de temps, je m’enrichis des modes de pensée constructiviste et constructionniste à propos des diverses catégories de la conscience, du temps, de la normalité ou de la pathologie, entre autres.

Ceci m’a amené à approfondir ma réflexion sur la construction des problèmes, sur la thérapie en général, sur l’alliance thérapeutique et, de plus en plus, sur ce qui se passe dans le creuset de la thérapie. Déjà, dans le passé, j’enseignais combien la théorie psychanalytique n’était qu’une fiction, une métaphore permettant de mettre en place un échafaudage virtuel permettant de rendre compte de ce qui se passait, mais en rien une théorie de l’esprit humain, au plus une théorie de la relation.

La découverte de l’hypnose et des thérapies brèves n’a pas changé ce point de vue. De plus en plus, je me suis intéressé au système thérapeutique. Pour Steve de Shazer, le système à considérer est composé de la personne en situation de client, de la personne en situation de thérapeute, et de la plainte.

Rapidement, leur propos va être de changer la plainte en problème. Au fur et à mesure des entretiens, ce système thérapeutique va s’approcher de la solution.

Je devrais plutôt dire la dissolution du concept [problème – plainte]. Il n’y a donc plus lieu qu’il y ait une relation entre ce quidam qui ne se plaint plus et cet autre quidam qui peut, peut-être, rester thérapeute dans ses rêves, mais certainement plus pour cette autre personne.

De plus en plus, je me suis intéressé à ce qui se passait dans le moment même de la thérapie et qui faisait que, quelquefois, elle peut se réduire à une seule rencontre. Je ne suis pas le seul : Daniel Stern a écrit un livre sur le moment présent en thérapie, ouvrage passionnant par ailleurs, richement et scientifiquement documenté... Je me rends compte que je ne fais que suivre des chemins largement explorés, mais tant pis !

J’ai réalisé que les moments les plus thérapeutiques n’étaient pas nécessairement les plus empathiques et chargés d’émotion, mais plutôt des moments plutôt calmes pendant lesquels l’un et l’autre étaient focalisés sur la rencontre ; plus tard, je me suis rendu compte que la condition en était de se réaliser, au sens de se sentir existant, dans le présent de la rencontre. Je me suis donc intéressé aux notions de temps vécu, j’ai interrogé ce que pouvaient en dire les vulgarisateurs de la physique, les thérapeutes, et aussi les philosophes.

Voilà comment, à l’aide de quelques mots clés sur Internet, j’ai trouvé un livre d’André Comte-Sponville, De l’autre côté du désespoir, sur la pensée d’un gourou indien qui se nommait Swâmi Prajnânpad, décédé en 1974. Cet homme connaissait bien la physique, la psychanalyse et la pensée occidentale, ce qui fait que sa pensée nous est accessible plus facilement. Il se trouve qu’il a eu comme disciples ou élèves un certain nombre de Français, dont le Docteur Leboyer, célèbre gynécologue des années 1970, et aussi Arnaud Desjardins, qui ont contribué à répandre sa pensée en France. Probablement y a-t-il eu ensuite quelques errances de succession avec des dépôts de marques commerciales, par exemple.

Si Swâmi Prajnânpad n’a jamais écrit de livres, de nombreux disciples, tant indiens que français, ont pratiqué des enregistrements audio de son enseignement et les ont publiés. Bien sûr, certains tirent plus du côté de la philosophie, d’autres tirent plus du côté de la spiritualité, il faut tenir compte de leurs a priori et de leurs préalables.

Je ne vais pas vous faire un exposé exhaustif de cette pensée qui peut être placée plutôt du côté de la philosophie cynique et stoïcienne, mais en dehors de la tradition allant d’Antisthène à Marc Aurèle, puis à Montaigne ; je ne suis pas assez intelligent pour cela ; je ne peux retenir que ce qui fait « expérience » pour moi et qui s’intègre d’une façon globale dans mon vécu.

Je m’en tiendrai dans mon propos plutôt à ce que ces lectures m’ont appris et qui m’a aidé dans ma pratique de l’hypnose et des thérapies brèves.

Tout d’abord, Prajnânpad apporte quelques conceptions psychopathologiques qui me paraissent être intéressantes. Il exprime, mais ce n’est pas nouveau, que l’homme a horreur du déplaisir et de la frustration. De ce fait, comme la plupart du temps, il ne peut pas s’éloigner de la source de la frustration, il va être amené à refuser mentalement cette émotion et à la projeter à l’extérieur.

Dans un premier temps, cette projection va augmenter l’attente vis-à-vis des humains « cause » de la frustration, ce qui va augmenter en retour la frustration, et donc la projection qui va augmenter et finir par construire un écran entre le sujet et le monde tel qu’il est. Beaucoup de nos comportements que nous croyons libres ne sont que des réactions par rapport à la perception de cette projection, dont l’inadéquation est à la source d’une majoration de l’émotion ressentie corporellement.

Prajnânpad explique qu’il y a plusieurs niveaux d’émotion). Lorsque l’homme voit le monde tel qu’il est, il se sent calme, apathique au sens étymologique ; il peut alors avoir des sentiments qui l’amènent à pouvoir avoir une action délibérée. Pensez à la différence entre l’émotion de peur qui ne nous permet comme réponses que la sidération, et la fuite et le sen timent de danger qui va nous permettre tout un éventail de stratégies possibles d’adaptation. L’inadaptation de la réaction va faire surgir une émotion qui va être augmentée par l’inhibition comportementale suscitée par l’inefficacité des solutions.

Prajnânpad souligne que, justement à cause de cela, toute perception corporelle d’émotion, qu’elle soit positive ou négative, nous informe sur le fait que nous ne voyons pas le monde tel qu’il est, que nous sommes dans l’erreur. Pensez à une émotion dite positive telle que la joie. Vous remarquerez qu’en dehors du sentiment de joie calme, l’euphorie n’est pas sans danger dans n’importe quel contexte. Elle nous entraîne à faire confiance à tout le monde et, de ce fait, la sagesse sociale nous amène à ne l’exprimer que dans des contextes de sécurité. Pour lui, la seule façon de retrouver ce calme qui permet l’action déterminée est de laisser s’écouler l’émotion. Une fois qu’elle s’est exprimée, le sujet n’est plus contraint par le cycle projection- réaction. Faudrait-il réhabiliter la catharsis, l’abréaction, et donner raison à certains hypnothérapeutes ?

C’est ce qu’ont fait bon nombre de ses disciples français avec la pratique des lyings (setting para-analytique), quelquefois assez proches des thérapies genre « cri primal ». En fait, j’ai trouvé dans plusieurs écrits, notamment à l’intention de ses disciples indiens, que c’était essentiellement la composante corporelle de l’émotion qui avait besoin de s’exprimer, de suivre son cours, d’être acceptée, comme si toute émotion avait, d’une part, un versant corporel et, d’autre part, attachées à lui, une opinion, une désignation, une étiquette liée au social… Ce simple travail d’acceptation de la sensation de l’émotion va amener la personne à avoir le sentiment d’un écoulement, d’une remise en fluidité qui va rendre évanescente la désignation. Comment parler d’angoisse si cette désignation n’est plus nourrie par une sensation corporelle ?

La sensation diffuse, le plus souvent de calme, qui va remplacer cette sensation d’émotion, va amener la personne à être de plus en plus dans l’instant présent, à voir le monde tel qu’il est, et à pouvoir voir clairement l’action utile et nécessaire qu’elle peut avoir à accomplir. La seule réalité sur laquelle nous pouvons agir, c’est ce qui est présent, ici et maintenant.

Cette exploration de l’instant présent nous amène à nous rendre compte que l’instant présent est conceptuel et dépourvu de qualificatifs. Si je dis « la fleur », vous avez assez facilement accès à un concept de fleur. Si je dis « la belle fleur » ou bien « la fleur jaune », vous êtes amenés, d’une façon ou d’une autre, à vous souvenir d’une belle fleur pour essayer de savoir de quoi je parle, ou bien, de la même façon, à vous souvenir d’une fleur jaune. Bref, pour pouvoir qualifier quelque chose, vous êtes contraints d’explorer vos souvenirs, de rechercher- créer un passé et donc, de quitter le moment présent.

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Rédigé le 02/08/2018 à 00:30 | Lu 686 fois | 0 commentaire(s) modifié le 02/08/2018





Sophie Tournouër, Psychologue clinicienne, Hypnothérapeute et Thérapeute Familiale. praticienne... En savoir plus sur cet auteur

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